Immigration
Macron, les « Mamadou » et les « rabzouz » : ce que le président pense vraiment de l’immigration
« Les Arméniens, les Comoriens, les Italiens, les Algériens, les Marocains, les Tunisiens, les Maliens, les Sénégalais, les Ivoiriens... Mais que vois-je ? Des Français ! » clamait Emmanuel Macron à Marseille en 2017, en promettant une « société ouverte ». Un discours qui dessinait une France arc-en-ciel, où toutes les origines se fondraient harmonieusement dans une République accueillante. Pourtant, l’enquête publiée par Le Monde révèle un tout autre ressenti.
Les « rabzouz » ne passent pas la relecture de l’Élysée
En effet, quelques années plus tard, les choix du président étonnent. En octobre 2019, pour son premier grand entretien consacré à l’immigration, Emmanuel Macron opte pour... Valeurs actuelles. Le journal de droite devient le théâtre inattendu de ses confidences. Verre de whisky à la main, à bord de l’A330 présidentiel, il confie sa préférence pour le « terrain » de ses interlocuteurs. Mais tout ne passe pas dans la version publiée. Selon Le Monde, certains propos, comme l’usage du mot « rabzouz » pour désigner les Français d’origine maghrébine, disparaissent discrètement après relecture par l’Élysée.
Quelques mois plus tôt, l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, avait noté : « Vous êtes très bon quand vous venez sur notre terrain. » Ce à quoi Emmanuel Macron avait répondu : « C’est celui que je préfère. ». Étrangement, ce sujet de prédilection, l’immigration, n’a pas franchement occupé le devant de la scène au cours de ses deux mandats.
Emmanuel Macron, les urgences et les « Mamadou »
Les différences entre ses déclarations publiques et ses confidences en petit comité ne cessent d’interpeller. En 2023, lors d’une réunion à l’Élysée sur l’hôpital public et l’aide médicale d’État, le président surprend encore : « Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou. » Une affirmation aussitôt tempérée par l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau : « Non, ce n’est pas le premier problème de l’hôpital. » Mais Macron insiste : « Si, si. Vas-y, tu vas voir ! ».
Dans la foulée, Emmanuel Macron propose d’instaurer une « préférence nationale » dans les allocations familiales, une mesure finalement censurée par le Conseil constitutionnel. Une initiative qui, comme souvent, donne l’impression d’un président qui flirte avec les sujets sensibles sans jamais aller au bout.
« Arrêtez avec vos idées de bobos, le pays est à droite ! »
Et puis, il y a le président stratège, celui qui, en août 2024, après la dissolution, affirme que « les électeurs veulent moins d’écologie et moins d’immigrés ». Peu importe si ces mots froissent une partie de ses soutiens, qu’il n’hésite pas à désavouer. Lorsqu’il qualifie l’immigration de « problème » et de « défi qui fait peur », il s’appuie sur son propre diagnostic : « Les Français ne veulent pas de la gauche. ». Ce n’est pas une nouveauté. D’après les colonnes du Monde, dès le début de son premier mandat, Macron aurait déjà lancé à ses conseillers : « Hé ho, les enfants, arrêtez avec vos idées de bobos, le pays est à droite ! ».
Cette capacité à ajuster son discours se reflète également dans la manière dont il compose son entourage politique. À chaque remaniement, Nicolas Sarkozy glisse ses conseils et pousse des noms – une étrange influence pour quelqu’un qui se revendique du Parti socialiste, mais finalement cohérente pour un homme guidé par aucune boussole. Si Macron donne parfois l’impression de tout dire et son contraire, il reste "insaisissable". Au final, on ne sait pas vraiment ce qu’il pense de l’immigration. Mais grâce à l’enquête du journal Le Monde, cependant, on sait au moins ce qu’il en dit. Quant à ce qu’il en fait... c’est une autre histoire !
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