L’ouvrage « Face à l’obscurantisme woke » sera bien publié fin avril par les PUF

Finalement, les Presses universitaires de France (PUF) maintiennent la parution de Face à l’obscurantisme woke. Ce livre collectif, dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, paraîtra le 30 avril prochain, selon une lettre adressée aux contributeurs. Initialement prévue pour le 9 avril, la publication avait été suspendue début mars, dans un climat intellectuel et politique jugé « défavorable ».

La décision de mise en pause avait suscité une vive controverse, alimentée par des accusations de « censure » émanant de certains auteurs. Le directeur éditorial des PUF, Paul Garapon, avait évoqué un contexte tendu et des amalgames autour du financement supposé de l’ouvrage par des cercles proches de la droite conservatrice. Il assure désormais que « la volonté de publier [l’ouvrage] ne [l’] a jamais quitté ».

L’ouvrage, qui entend dénoncer l’influence croissante du wokisme dans les milieux universitaires, a été ciblé par certaines critiques. L’historien Patrick Boucheron, lors d’une journée de mobilisation contre la politique scientifique de Donald Trump, avait publiquement mentionné le livre, dénonçant un « amalgame mortifère » et s’indignant de voir un tel titre dans le catalogue des PUF.

Des accusations ont aussi porté sur les liens entre certains auteurs du livre et l’Observatoire de l’éthique universitaire (anciennement Observatoire du décolonialisme), soutenu financièrement par le milliardaire catholique Pierre-Édouard Stérin. Paul Garapon a toutefois fermement démenti tout financement de l’ouvrage par cette structure : « L’Observatoire de l’éthique universitaire n’a jamais au grand jamais aidé à l’édition de notre ouvrage par quelques subventions que ce soit ».

Le livre, annoncé comme une réponse à ce que ses auteurs perçoivent comme une dérive idéologique dans la recherche, avait été commandé dès 2022. Il réunit une vingtaine de contributions examinant les effets des théories décoloniales, du genre ou de la race sur les disciplines universitaires. Son titre, initialement prévu comme un manifeste, avait été modifié pour adopter un ton plus analytique.

Le débat autour de cette parution finale annoncée par Libération illustre les fractures persistantes au sein du monde académique, entre ceux qui dénoncent un climat de censure idéologique, et ceux qui y voient une instrumentalisation politique des libertés universitaires. Pour l’un des codirecteurs, Xavier-Laurent Salvador, l’affaire « prouve que nous avons raison de dénoncer ce climat de censure ».

Malgré les tensions, la confirmation de la parution pourrait clore une séquence agitée pour les PUF, et relancer les débats sur les limites du pluralisme intellectuel dans l’édition universitaire française.