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[Tribune] La réécriture européiste de l’Histoire : du récit national au cauchemar woke
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« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation. » Ces mots d’Ernest Renan résonnent avec une acuité particulière aujourd’hui, à l’heure où l’Union européenne, sous l’influence du wokisme, tente de déconstruire l’histoire des nations européennes pour la réduire à une succession de fautes et de crimes.
L’histoire, en tant que discipline, a toujours été un terrain de bataille idéologique. Dès ses origines, Hérodote n’écrivait-il pas, aussi, pour extraire des leçons politiques et morales ?
Plus près de nous, les historiens de la IIIᵉ République ont bâti un récit national structurant, permettant aux écoliers français de se projeter dans une grande aventure collective, de s’inspirer de modèles héroïques et d’être fiers de leur appartenance à la nation.
Or, depuis un demi-siècle, cette histoire fédératrice a été méthodiquement remplacée par une histoire de la repentance, où la France n’est plus qu’un amas de violences, de dominations et d’injustices. Dans les écoles et sur les chaînes publiques nos ancêtres ne sont plus présentés que comme des oppresseurs misogynes, racistes et colonialistes. Derrière cette entreprise de démolition, les déconstructeurs, maîtres des universités et des médias depuis Mai 68, ont imposé un anti-roman national visant à dissoudre tout sentiment d’appartenance.
Mais cette haine de soi nationale n’était que la partie émergée d’un rejet plus profond : celui de notre civilisation elle-même. L’homme blanc, issu de la culture helléno-chrétienne, est devenu la cible principale d’un discours culpabilisant, relayé aujourd’hui par les institutions européennes. Une offensive idéologique qui s’est particulièrement illustrée avec le rapport sur « la conscience historique européenne ».
Ce texte, soutenu à la fois par l’extrême-gauche de Manon Aubry et par le PPE de François-Xavier Bellamy, appelle à enseigner une histoire mondiale où les crimes européens domineraient le récit. Adopté en janvier 2024, il entérine tous les dogmes du wokisme : sexisme, chauvinisme, racisme et inégalités structurelles seraient inhérents aux récits historiques des nations européennes. Il prolonge ainsi la résolution du 8 mars 2023, qui reconnaît l’existence d’un racisme systémique en Europe et réclame des politiques de discrimination positive – autrement dit, un racisme anti-blanc institutionnalisé.
L’offensive européenne, un relais de la réécriture de l’histoire nationale
Si cette instrumentalisation de l’histoire s’intensifie sous la pression de Bruxelles, nous n’avons pas attendu les technocrates européens pour voir l’histoire de la France défigurée de l’intérieur.
Emmanuel Macron, maître des doubles discours, en est un exemple parfait. En confiant à Benjamin Stora la mission de « réconcilier » les mémoires franco-algériennes, il a choisi un historien connu pour relayer la propagande d’Alger. Ce rapport biaisé, loin d’offrir une vision équilibrée du passé, n’a servi qu’à alimenter les revendications mémorielles de l’Algérie, sans qu’aucune concession ne soit obtenue en retour.
De la même manière, la Commission européenne finance aujourd’hui un projet à hauteur de 2,49 millions d’euros pour « réévaluer » l’apport des penseurs musulmans dans l’Espagne médiévale occupée. Confié à l’Université catholique de Louvain, ce programme vise à glorifier Al-Andalous comme un modèle de société multiculturelle harmonieuse, en opposition à une Europe chrétienne présentée comme intolérante et brutale. Or, cette vision relève du pur mythe idéologique, maintes fois déconstruit par des historiens sérieux tels que Serafín Fanjul. Si les institutions européennes entretiennent ce fantasme, c’est bien qu’elles poursuivent un projet politique : légitimer une Europe sans racines, sans identité et sans mémoire.
Cette écriture d’une histoire négative de soi repose sur la construction d’une altérité idéalisée, d’un Autre toujours vertueux. Alors que le sentiment national français émerge lors de la Guerre de Cent Ans, avec une conscience nationale qui se forge en opposition à l’Autreanglais, les déconstructeurs s’emploient à façonner une mémoire collective fondée sur des mythes fondateurs négatifs, où l’Autre occuperait systématiquement le rôle du héros ou du Bon, reléguant la France et l’Europe à celui du coupable.
De la disparition des récits nationaux à la négation de la civilisation européenne
Face à la montée des idéologies déconstructivistes, les européistes auraient pu chercher à construire un récit européen capable d’unir les peuples autour d’un héritage commun. Les références ne leur manquaient pourtant pas : de l’héritage gréco-romain aux révolutions scientifiques et industrielles, notre histoire est riche de grandes réalisations collectives. Même dans l’imaginaire cher aux libéraux, ils auraient pu trouver des références positives, des Lumières à la Déclaration des droits de l’Homme.
Mais au lieu de cela, ils ont embrassé le wokisme comme seule matrice idéologique, effaçant progressivement les nations et la civilisation européenne elle-même. Or, une Europe hors-sol, fondée uniquement sur la haine de soi et la repentance, n’est plus l’Europe.
Cette volonté d’écrire une histoire négative de l’Europe, illustre le terrorisme intellectuel théorisé par Jean Sevilla. L’instrumentalisation du passé sert à diaboliser l’adversaire : les figures honnies d’hier sont sans cesse ressuscitées pour être plaquées sur les opposants idéologiques de la gauche. Ainsi, toute volonté de maîtriser les flux migratoires est immédiatement assimilée à du racisme et à la « reductio ad hitlerum », autrement « point Godwin ».
Accablés par ce récit à charge, les Européens n’auraient alors d’autre voie de rédemption que l’accueil sans limite des migrants et l’adhésion aux dogmes les plus radicaux du wokisme.
Finalement, les technocrates bruxellois, déconnectés des réalités des peuples, ont qualifié les patriotes des nations européennes d’ennemis de l’Europe. Pourtant, nous constatons que nous sommes, en réalité, bien plus européens qu’eux.
Le rapport sur la conscience historique européenne rejette à la fois l’idée d’une civilisation européenne et les « vaches sacrées » des récits nationaux, comme s’il fallait déconstruire tout héritage pour mieux façonner une Europe sans racines. Oui, l’Europe est une civilisation à part entière, et non un simple marché de consommateurs déracinés et interchangeables, comme ils voudraient nous le faire croire.
Dans un monde en mutation, il est essentiel de cultiver une conscience civilisationnelle européenne, mais celle-ci ne doit ni renier nos héritages ni effacer nos histoires nationales. Au contraire, elle doit s’y inscrire en complément, dans une démarche positive et fédératrice.
Avec nos alliés européens, au contraire, nous revendiquons notre histoire et notre héritage. La contribution des Français et des Européens à l’Humanité n’a pas d’équivalent. Oui, notre histoire comporte des parts d’ombre, mais elle est avant tout une épopée de création, d’invention et de grandeur. Il est temps de retrouver la fierté d’être ce que nous sommes.
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