Société
« Les victimes le vivent quasiment comme une deuxième attaque », dénonce la maire de Romans-sur-Isère après la sortie d’un livre controversé sur Crépol

Près d’un an et demi après le meurtre de Thomas à Crépol, en Isère, un livre intitulé Une nuit en France, paru ce mercredi aux éditions Grasset, fait débat. Rédigé par trois auteurs – Marc Leplongeon, Pauline Guéna et Jean-Michel Décugis –, l’ouvrage met en cause Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, accusée d’avoir « mis de l’huile sur le feu » dans la gestion des suites de ce drame. Interviewée sur Points de Vue (Le Figaro TV), l’édile se défend et exprime son indignation face à ces accusations.
Marie-Hélène Thoraval ne cache pas son choc après la lecture de l’enquête. « Les propos des auteurs blessent, ici, à un point inimaginable », déclare-t-elle, encore bouleversée. Elle raconte avoir rencontré Jean-Michel Décugis le 19 décembre 2023, dans un échange qu’elle jugeait alors constructif. « J’ai cru avoir eu de bons échanges, avec un journaliste qui semblait aller au fond des choses », confie-t-elle, ajoutant qu’elle n’aurait « jamais pensé que [ses] propos seraient autant travestis ». Face aux critiques, elle envisage de demander un droit de réponse sur les chaînes publiques ayant invité les auteurs.
Une maire accusée pour ses prises de position
Dans leur livre, deux des auteurs, invités sur France Inter, reprochent à la maire d’avoir attisé les tensions en qualifiant la mort de Thomas de « fait de société » plutôt que de « fait divers ». Ils pointent également ses déclarations sur l’insécurité dans le quartier de la Monnaie et sur les insultes « anti-blanc » lancées lors du bal de Crépol. Marie-Hélène Thoraval assume pourtant ses positions : « Revenons sur le racisme anti-blanc, je n’ai pas peur d’en parler. Le ministre Olivier Véran lui-même l’avait entendu lorsqu’il avait rencontré les familles des victimes. » Elle rappelle que ces dernières souhaitent toujours que ce mobile soit pris en compte par la justice.
La maire souligne l’impact de l’ouvrage sur les proches de Thomas et les autres victimes. « Ce mercredi soir, j’étais en lien avec l’association des victimes du bal de Crépol et ils vivent ça quasiment comme une deuxième attaque », rapporte-t-elle. Elle insiste sur la douleur persistante des familles et des survivants, en reconstruction après le drame. Par ailleurs, elle a reversé à cette association les dommages et intérêts obtenus récemment suite à la condamnation de deux individus pour des « menaces de mort » proférées à son encontre.
Polémique autour d’une justification des armes
Marie-Hélène Thoraval s’insurge contre certains passages du livre qui, selon elle, minimisent la gravité des faits. « On vous explique qu’aller à un bal avec des couteaux, ça fait partie de la panoplie parce qu’ils les utilisent pour couper leur ’shit’ avec... Mais comment peut-on écrire des trucs pareils ? », s’indigne-t-elle. Elle poursuit : « Comment expliquer à des familles qui ont perdu leur enfant et vont vivre avec un handicap jusqu’à leur dernier jour qu’il serait normal de se balader avec une lame aussi grande ? Des gens avec une lame de 25 centimètres, ce sont des gens armés ! » Ces déclarations, faites auprès du journaliste Timothée Dhellemmes, reflètent donc sa colère et son incompréhension.
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