Société
La Fondation Jean Jaurès s’attaque à Frontières : un brûlot qui peine à convaincre

C’est un pavé dans la mare qu’a lancé la Fondation Jean Jaurès, think tank proche du Parti socialiste, avec une note signée de l'essayiste Raphaël Llorca, publiée ce lundi 17 mars. Le texte, qui a vite trouvé écho dans des journaux comme Le Monde ou La Croix, cible le média Frontières. Le verdict est sans appel : notre média, accusé de menacer les « piliers démocratiques », devrait être érigé en « exemple » pour contrer ce que la fondation décrit comme une entreprise de « démolition » des valeurs républicaines. Rien de moins.
Mais qui est derrière la Fondation Jean Jaurès ?
Pour comprendre l’origine de cette offensive, un détour par la Fondation s’impose. Née en 1992 sous l’impulsion d’anciens ténors du PS, dont des ex-Premiers ministres, elle est aujourd’hui pilotée par Jean-Marc Ayrault, figure de l’ère Hollande. Son financement ? Une manne de plus de 2 millions d’euros par an, alimentée à 60 % par des fonds publics. Entre 1 et 1,3 million proviennent directement de l’enveloppe de Matignon, une cagnotte qui arrose aussi d’autres think tanks comme Fondapol ou Terra Nova. Le reste, soit 40 %, vient de dons privés. Un montage qui fait de la Fondation un acteur clé du paysage intellectuel socialiste, mais aussi une machine bien huilée au service d’une certaine vision politique.
Raphaël Llorca, l’auteur de la note, n’est pas un inconnu. Chercheur associé à Destin Commun, un think tank financé notamment par l’Open Society de George Soros, il contribue aussi régulièrement à L’Opinion, journal dont l’un des actionnaires minoritaires est Rupert Murdoch, magnat de la presse mondiale. Une proximité qui interroge, alors que la note fustige Frontières sans jamais s’attarder sur d’autres géants médiatiques.
Frontières, ennemi de la République ?
Au cœur de la charge, un reproche central : Frontières saperait l’idée d’une « nation une et indivisible ». La note pointe un numéro intitulé « Une France pour deux peuples », vu comme un affront au principe révolutionnaire. Pour le chercheur, le média nierait la cohésion nationale en évoquant un « peuple historique » face à un « peuple contre-nature » issu de l’immigration. Des termes qui, selon lui, flirtent avec une rhétorique antirépublicaine.
Pourtant, les faits racontent une autre histoire. En 50 ans, l’immigration a transformé la France, avec des millions d’arrivées – un phénomène que le PS, auquel la Fondation est liée, a accompagné sans toujours imposer une assimilation stricte. Frontières n'invente pas cette fracture ; elle la dépeint, avec une acuité parfois âpre, miroir fidèle de l’état de notre nation et de la réalité vécue par tant de Français. La note, elle, préfère esquiver ce constat pour mieux brandir l’étendard des Lumières, accusant le média de rejeter leur héritage à travers des éditos ou des interviews, comme ceux de Laurent Obertone, auteur de Guérilla.
Une attaque qui rate sa cible ?
Le texte de Raphaël Llorca ne s’arrête pas là. Il reproche à Frontières un manque de respect pour la corporation journalistique, citant un édito de Garen Shnorhokian ou l’épisode d’une journaliste du Monde refoulée des obsèques de Jean-Marie Le Pen. Mais les exemples peinent à convaincre. Frontières relate également des échanges cordiaux avec des confrères de Streetpress ou de Libération, loin de l’image d’un média en guerre contre la profession.
Plus gênant, la note accumule les approximations. Une intrusion de journalistes de Frontières dans les locaux de l’Arcom, en janvier 2025, est qualifiée de « tentative de déstabilisation ». En réalité, un reportage en caméra discrète avait été tourné pour interroger le président de l’autorité, sans incident notable. La plainte déposée par l’Arcom a d’ailleurs été retirée après diffusion. De quoi fragiliser la crédibilité de l’accusation.
Au-delà des admonitions, cette passe d’armes révèle un affrontement plus large. La Fondation Jean Jaurès, forte de ses subsides publics, incarne une gauche qui défend un ordre moral et politique contesté. Frontières se pose alors en trublion, décidé à faire sauter les verrous d’un débat étouffé. Entre les deux, une guerre culturelle qui ne faiblit pas, où chaque camp accuse l’autre de trahir la République – ou de la figer dans un passé révolu.
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7 commentaires
vert10
Une source d'économie. Supprimer les subventions étatiques a ces groupuscules de gauche
Guycast
Dire la vérité nest pas de leur goût Merci de nous donner des explications sur leurs fonds public car personne ne le sait sans aucun doute vive Frontières et longue vie
SapereAude
[ « notre média, accusé de menacer les « piliers démocratiques », devrait être érigé en « exemple » pour contrer ce que la fondation décrit comme une entreprise de « démolition » des valeurs républicaines. » ] — Ils utilisent tellement souvent les mêmes mots valise, qu’ils détournent de leur sens premier (et réel), qu’il y aurait certainement l’opportunité de faire un « Dictionnaire des mots et expressions de propagande de la gauche : que comprendre et quoi répondre »… Cette phrase me fait ainsi penser à : 1) “menacer les piliers démocratiques”. Il me semble que l’un des piliers démocratique le plus fondamental est la liberté d’expression, la seule garante pour que le peuple puisse faire des choix éclairés. D’ailleurs personne ne contredit tous les commentateurs de plateau TV qui insiste d’une ingérence russe dans les élections comme en Roumanie, et nonobstant si c’est factuel ou non, mais s’ils étaient autant défenseurs de la démocratie qu’ils le prétendent, ne devraient-ils pas se dire que c’est juste les autres qui n’ont peut-être pas assez communiqué leurs propres idées sur les même réseaux, ou du moins pas au même niveau que les russes ? Rien ne les empêche d’investir 10x plus d’argent dans des contre-campagnes en ligne pour diffuser leur propre influence idéologique en opposition à celle supposé d’États hostiles… 2) “les valeurs républicaines”. Est-ce que ce fourre-tout traduit réellement ce qu’il est supposé dire, ou est-ce une façon habile de ne pas parler de soi-même ? C’est à dire au même titre que certains utilisent l’anti-sionisme pour ne pas parler d’anti-sémitisme, d’autre utilisent les “valeurs républicaines” pour ne pas parler des “élus de la république”…
Jack
J'ai envoyé une contribution pour vous soutenir. Courage nous avons besoin de vous
SamuelDelbassee
Le dénigrement est leur seule réponse. Frontières appuie là où ça fait mal et détruit lentement leur monde idéologique qu’ils veulent nous imposer. Quand enfin les politiques mettront un peu d’ordre, que l’argent public gaspillé leur sera retiré, ces pseudos-journalistes ne survivrons pas. En surfant sur la vague d’un media qui fonctionne, je leur reconnais le talent de se faire un joli coup de pub. Malgré les subventions, qui connaissait la Fondation Jean Jaurès avant aujourd’hui ?
Victoria
Soutien à Frontières....Grâce à vous j apprends ...les autres Médias sont trop flous
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