Prison des Baumettes : un théâtre pour les détenus va être construit malgré un taux d'occupation supérieur à 200 %

Malgré une surpopulation carcérale atteignant des niveaux alarmants, avec un taux d'occupation supérieur à 200 %, la prison des Baumettes prévoit l'inauguration d'un théâtre pour ses pensionnaires. Les détenus y seront formés aux métiers de la scène et y joueront des pièces, tandis que le public extérieur pourra assister à des spectacles réalisés par des personnes incarcérées.

La surveillante pénitentiaire Catherine Forzi, représentante FO aux Baumettes, exprime sa colère face à ce projet jugé non seulement inadapté mais aussi coûteux. « Ce théâtre me sort par les yeux », déclare-t-elle. Selon cette surveillante pénitentiaire, alors que le centre pénitentiaire atteint un taux d’occupation record et que des matelas sont installés à même le sol pour pallier la saturation, la priorité devrait être donnée à la construction de nouvelles places de prison et à l'amélioration des conditions de travail des personnels. Elle s’interroge sur la pertinence d'investir dans un projet aussi luxueux alors que les besoins essentiels sont loin d'être couverts. 

L'agrandissement des Baumettes, baptisé « Baumettes 3 », comprend également des quartiers d’hébergement supplémentaires, des locaux d’enseignement, ainsi que des terrains de sport. L'objectif affiché de ce projet, dont l’ouverture est prévue pour fin 2025, est d'améliorer la réinsertion des détenus par la formation professionnelle.

Cette surpopulation aiguise les tensions au sein de la prison et entraîne des risques considérables pour la sécurité des surveillants. La situation dans les cellules est insoutenable : trois détenus par cellule de 9m², alors que les bâtiments sont prévus pour un emprisonnement individuel. Marc Bercane, du syndicat SPS, dénonce les conséquences directes de ce manque de place : « Vous êtes un surveillant, vous ouvrez la cellule et si les esprits s’échauffent, alors vous êtes dans un rapport de 3 contre 1 ». Cette situation favorise les agressions, non seulement entre détenus, mais aussi envers le personnel pénitentiaire. 

Bien que l'administration pénitentiaire assure que chaque projet, y compris celui du théâtre, sera validé en fonction de son adéquation avec les parcours de réinsertion des détenus, les critiques concernant ce théâtre en prison risquent de se multiplier. 

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