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Istanbul : après l’arrestation du maire Ekrem İmamoğlu, l’opposition crie au coup d’État

Depuis l’arrestation brutale d’Ekrem İmamoğlu, maire emblématique de la ville et figure montante de l’opposition, la rue gronde. Jeudi 20 mars, pour la deuxième journée consécutive, des milliers de manifestants bravent les interdictions, dénonçant ce qu’ils qualifient de « coup d’État » orchestré par le pouvoir en place. Alors que le pays s’enfonce dans une crise politique majeure, la tension monte d’un cran.
Un opposant écarté à la veille de sa désignation
Mercredi à l’aube, Ekrem İmamoğlu a été interpellé à son domicile, placé en garde à vue sous les chefs d’accusation de corruption et de liens avec des organisations terroristes. L’opération policière, d’une rare ampleur, ne l’a pas visé seul : plus de 80 personnes de son entourage ont été arrêtées simultanément.
Le calendrier de cette arrestation ne doit rien au hasard. Dimanche, le Parti républicain du peuple (CHP), principale force d’opposition au Parlement, devait officialiser la désignation d’İmamoğlu comme son candidat à l’élection présidentielle de 2028. Une perspective qui inquiétait visiblement le président Recep Tayyip Erdoğan, dont la popularité vacille après plus de vingt ans à la tête du pays.
À ces accusations déjà explosives s’est ajoutée une décision stupéfiante : l’annulation pure et simple de son diplôme universitaire, annoncée mardi. Un geste perçu comme une tentative supplémentaire de décrédibiliser celui qui incarne l’alternative au régime en place.
Istanbul s’embrase malgré la répression
Dès mercredi soir, les premières manifestations éclatent dans plusieurs quartiers de la ville. Jeudi, la mobilisation s’intensifie. Des étudiants d’universités stambouliotes, en première ligne de la contestation, occupent leurs campus et défilent dans les rues malgré le dispositif répressif.
Mais le pouvoir a verrouillé la ville. La place Taksim et le parc Gezi, symboles historiques des révoltes populaires, sont barricadés et sous haute surveillance policière. Le gouverneur d’Istanbul a interdit tout rassemblement jusqu’à dimanche, tentant d’éteindre dans l’œuf la vague de protestation qui s’étend.
Erdoğan joue avec le feu
Si le chef de l’État turc espérait, par cette arrestation, briser la dynamique de l’opposition, il pourrait au contraire en subir les conséquences. L’épreuve de force déclenchée par l’affaire İmamoğlu risque de renforcer la mobilisation populaire contre lui et de resserrer les rangs de l’opposition.
En 2019, la victoire du maire d’Istanbul avait marqué un revers cinglant pour le parti au pouvoir, l’AKP. Une nouvelle crise politique pourrait fragiliser davantage le régime d’Erdoğan, déjà confronté à une économie en berne et à une contestation sociale croissante.
Les jours à venir seront décisifs. Entre la résistance populaire et la répression gouvernementale, le sort d'İmamoğlu pourrait bien cristalliser l’avenir de la démocratie turque.
À lire aussi : Erdogan exploite le chaos syrien pour intensifier sa répression contre les Kurdes

1 commentaire
Guycast
Le presidente turc est un dictateur il veut donner des leçons aux autres alors que dans son pays tout va mal ! A l'identique Macron est pareil !!!
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