[Édito] La guerre, c’est la paix

Il était presque onze heures et, au Commissariat aux Archives, où travaillait Winston, on tirait les chaises hors des bureaux pour les grouper au centre du hall, face au grand télécran, afin de préparer les Deux Minutes de la Haine. Comme d’habitude, le visage de Donald Trump, l’Ennemi du Peuple, avait jailli sur l’écran. Le diaphragme de Winston s’était contracté. Il ne pouvait voir le visage de Trump sans éprouver un pénible mélange d’émotions.

La guerre, c’est la paix

Trump insultait Big Brother, dénonçait la dictature du Parti, défendait la liberté de parler, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté de pensée.

Avant les trente secondes de la Haine, la moitié des assistants laissait échapper des exclamations de rage.

À la seconde minute, la Haine tourna au délire. Les gens sautaient sur place et criaient de toutes leurs forces. La Haine était là, à son paroxysme.

Quand ce fut fini, les quatre slogans du Parti s’inscrivirent en grosses majuscules :

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

LES HOMMES SONT DES FEMMES

Il y a plus de 60 ans, George Orwell décrivait, sans le savoir, ce à quoi allait ressembler notre société, sauf que les deux minutes sont devenues des heures, des jours, des mois, des années.

1984 était un avertissement, pas un guide d’utilisation.

Les médias contre Donald Trump

La haine envers Donald Trump relève de la psychopathologie : les faits n’ont pas d’importance, le réel n’a plus de prise.

Donald Trump est le mal, il en a été décidé ainsi. Par qui ? Ils n’ont pas de noms, ils n’ont pas de visage. Si certains porte-paroles sont plus connus que d’autres — journalistes médiatiques, intellectuels autoproclamés, chanteurs ou sportifs — la masse informe des propagandistes n’est pas connue du grand public. C’est