Société
Némésis vs Libération : le féminisme sous condition
Dans un article acerbe, Libération s’attaque au collectif féministe Némésis, multipliant les accusations graves, mais infondées et les amalgames douteux. Mais cette accumulation de clichés trahit une volonté manifeste : écraser un féminisme libre et audacieux, qui refuse de plier sous le poids de la bien-pensance.
Il est des articles qui, sous couvert d’investigation, révèlent plus sur ceux qui les écrivent que sur leurs sujets. L’attaque en règle menée par Libération contre le collectif féministe Némésis dans leur article « Le Collectif Némésis, une radicalité au féminin en voie de notabilisation » en est un parfait exemple. Ce texte, à mi-chemin entre la caricature et le pamphlet idéologique, s’acharne à discréditer un groupe de jeunes femmes déterminées à dénoncer les violences faites aux femmes. Pourquoi ? Parce que leur féminisme ne s’aligne pas sur les dogmes progressistes que le journal défend bec et ongles.
Némésis : quand le féminisme sort des clous
Dès les premières lignes, le ton est donné. Le collectif est qualifié de « groupe identitaire » pratiquant des actions d’« agit-prop ». Or, rappelons que ce terme signifie historiquement « agitation et propagande politique révolutionnaire de nature marxiste ». Une ironie savoureuse, puisque Némésis se situe à l’opposé de cette doctrine, souvent plus proche des appuis de Libération.
Cette confusion volontaire relève moins de l’ignorance que de l’intention : inscrire ces militantes dans un cadre péjoratif pour mieux les disqualifier. Pourtant, à y regarder de plus près, cet article en dit bien plus sur les obsessions idéologiques des journalistes de Libération que sur le collectif Némésis.
La violence : un argument détourné pour un féminisme qu’ils veulent museler
Dans un passage caricatural, Libération accuse le collectif Némésis de s’appuyer sur un « service d’ordre violent », et affirme que le groupe « s’est spécialisé dans des actions d’agit-prop xénophobes – et parfois accompagnées par un service d’ordre violent –, méthode clairement inspirée du mouvement Génération identitaire, dissous par les autorités en 2021. »
Mais cette accusation tombe à plat : si les Némésis ont dû s’entourer de mesures de sécurité, c’est précisément parce qu’elles sont régulièrement confrontées aux agressions de l’extrême gauche, dont les violences sont abondamment documentées. Ces accusations récurrentes contre la droite féministe, masquent mal une indulgence coupable envers les comportements agressifs de leurs propres soutiens idéologiques. Accuser le collectif de violences sans contextualiser les menaces auxquelles il fait face est non seulement injuste, mais également malhonnête.
Plus grave encore, les auteurs de l’article n’hésitent pas à associer Alice Cordier, porte-parole de Némésis, à des groupuscules néonazis, en affirmant qu’elle « a été proche de la bande néonazie des Zouaves Paris qui, après leur interdiction par les autorités, ont réactivé le GUD et poursuivi dans la violence – avant que ce groupe ne soit à son tour dissous cet été. Cordier s’affiche aussi avec Jean-Yves Le Gallou (doctrinaire suprémaciste) ou la militante anti-‘idéologie transgenre’ Marguerite Stern. »
Interrogée par Frontières à ce sujet, Alice Cordier a répondu avec une transparence que Libération aurait pu et dû rechercher avant de publier : « Je suis proche de Jean-Yves Le Gallou oui (qui est surtout ancien député européen), qui est un de nos soutiens de la première heure, et de Marguerite Stern évidemment qui est une femme formidable (et encore heureux que nous nous serrions les coudes entre nous). Pour le reste, c’est de la diffamation et je ne comprends pas bien le lien avec notre association qui dénonce les violences faites aux femmes. »
Bon sang, vous êtes fatigants.
Elles parlent de tous les sujets, sauf que les seuls que vous êtes capables d’identifier sont ceux dont vous, à gauche, ignorez soigneusement et ce, par pure hypocrisie.— Loreine 🇫🇷🇰🇷 Les Asiatiques à Droite (@Loreine_LAD) December 2, 2024
La déontologie journalistique n’a pas seulement foutu le camp chez Libération, elle a été méthodiquement jetée aux oubliettes. Cette accusation, aussi grave que gratuite, frôle la diffamation pure et simple. Le but n’est pas d’informer, mais de salir.
L’hypocrisie médiatique mise à nu
L’ironie atteint son paroxysme lorsque Libération, à l’instar de son homologue Le Monde, s’offusque bruyamment de la présence des militantes de Némésis au domaine de Montretout, propriété de la famille Le Pen, pour une réunion stratégique. « Libé a révélé que les Némésis avaient déjà pris possession des murs en janvier dernier pour une soirée festive avec buffet, paillettes et alcool. Sous l’œil de tableaux à la gloire de Jean-Marie Le Pen » peut-on lire dans cet article. Loin d’être une information d’intérêt public, cette anecdote est présentée comme une pseudo-révélation.
A ce niveau, ce n’est même plus une façade de journalisme
Le féminisme n’est pas l’apanage de la gauche
Les radicalités, de nos jours, sont loin d’être à droite
Comment ce genre de « journal » peut être à ce point subventionné ? 😵💫— ~Ju~ (@J_RLS) December 3, 2024
Comme l’a ironiquement souligné notre journaliste Jordan Florentin dans son édito, « avant de manifester pacifiquement dans les rues de Paris pour scander leurs slogans féministes, Alice Cordier et ses équipes ont pu s’entrainer… dans le domaine de Montretout. L’information a traversé le tout-Paris jusqu’aux journalistes des bureaux de Libération, qui, entre deux thés matcha, sont descendus de leur trottinette électrique pour alerter les Français de ce séisme. Des féministes de droite seraient… bien vues et bien accueillies par la droite, diantre ! »
Pendant ce temps, les mondanités de l’extrême gauche sont passées sous silence. Les doubles standards sautent aux yeux.
Cette indignation feinte et artificielle trahit une volonté commune à Libération et Le Monde : discréditer un féminisme qui refuse de s’agenouiller devant les dogmes de la gauche bien-pensante. Alors que ces journaux s’acharnent sur des détails insignifiants, leur silence est total concernant les « pince-fesses » du « petit monde de l’extrême » gauche cette fois. Quid des dîners des députés Insoumis dans des brasseries cossues, eux qui osaient prétendre partager le repas des SDF ?
Libération et ses priorités journalistiques contestables
On ne peut que s’étonner de l’acharnement avec lequel Libération et consorts s’efforcent de discréditer un collectif féministe comme Némésis. Ces militantes, qui osent se lever contre des réalités bien concrètes comme les violences faites aux femmes, dérangent manifestement une certaine frange de la gauche idéologique, plus prompte à manier l’invective qu’à débattre sur le fond.
Deux hommes qui expliquent à une femme (Claire) qui a été violée par un clandestin sous OQTF, qu’elle n’a aucune légitimité pour être féministe et dire ce qu’elle dit. Fabuleux… 🙄
— Outofnone (@Outofnone1) December 2, 2024
Mais à l’heure où ce quotidien mobilise une batterie de journalistes pour traquer les moindres faits et gestes de jeunes femmes engagées, il faut s’interroger sur son silence assourdissant sur des sujets autrement graves.
Où était la vigilance de Libération lorsque leur ancien collègue Jean-Philippe Desbordes, journaliste d’investigation, a été reconnu coupable et condamné à 20 ans de prison pour avoir violé 700 fois sa belle-fille mineure ? Où sont les tribunes indignées, les unes percutantes, les enquêtes fouillées sur cet effroyable scandale ? Ce silence contraste étrangement avec leur empressement à s’acharner sur celles qui dénoncent les violences, au lieu de les perpétrer.
Votre ancien collègue Jean Philippe Desbordes vient d’être condamné à 20 ans de prison pour avoir violé 700 fois par sodomie sa belle fille mineure. Étrangement on vous entend pas l’ouvrir à ce sujet.
Vous êtes littéralement le camp du mal https://t.co/qAuAki7F49 pic.twitter.com/ETJLDbjIh6— Mathilda Nemesis (@mathildaNemesis) December 3, 2024
Alors, à défaut de reconnaître les contradictions criantes qui émaillent leur propre rédaction, peut-être que Libération devrait recentrer ses priorités journalistiques. Il existe des combats plus urgents et des responsabilités à assumer, plutôt que de s’acharner sur des militantes qui, malgré leur jeunesse, ont déjà compris l’essentiel : il est temps d’agir, et non de calomnier.
À lire aussi : [Édito] Le Monde et Libération harcèlent les féministes de Némésis
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