Depuis plusieurs jours maintenant, le Rassemblement national (RN) maintenait la pression sur le Premier ministre en fixant ses « lignes rouges » autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Parmi les revendications principales : une réduction des cotisations sociales pour les petites entreprises et une augmentation significative des allocations familiales. Mais dimanche soir, après une déclaration du ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, affirmant que « les concessions sont terminées », le RN a pris sa décision. Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a publiquement acté cette rupture. « Le gouvernement a mis fin à la discussion. Nous n’avons pas été entendus, et nous agirons en conséquence », a-t-elle déclaré dans une interview ce matin.
Un gouvernement fragilisé par le RN
Le recours prévisible au 49.3 par Michel Barnier sur le PLFSS a cristallisé les tensions entre l’exécutif et les oppositions, à commencer par le RN. Bien qu’en position minoritaire à l’Assemblée, le gouvernement avait tenté jusqu’à la dernière minute de trouver des compromis avec plusieurs groupes parlementaires. Mais les discussions avec le RN se sont heurtées à ce que Marine Le Pen qualifie de « sectarisme politique » de la majorité. Jordan Bardella, président du RN, a lui aussi dénoncé sur X (anciennement Twitter) l’immobilisme du gouvernement : « Par entêtement et arrogance, Michel Barnier préfère ignorer les demandes des Français. Il est responsable de ce qui arrivera aujourd’hui. »
Si la motion de censure est adoptée avec le soutien du RN et des autres oppositions – notamment les députés de la gauche unie (NUPES) –, le gouvernement de Michel Barnier tomberait immédiatement. Cette perspective inquiète Matignon, où l’on redoute une crise institutionnelle majeure à l’approche des élections européennes de 2025.
Pourtant, l’exécutif semble déterminé à ne pas céder davantage. « La ligne du gouvernement reste inchangée. Michel Barnier ne gouverne pas sous la menace », a déclaré un conseiller proche du Premier ministre. Mais cet affichage de fermeté pourrait coûter cher politiquement, alors que l’image de Barnier est déjà mise à mal par des mois de contestations sociales et une gestion difficile des réformes.
Le spectre d’une dissolution
Face à une possible censure, l’une des options qui s’offrent à Michel Barnier serait la dissolution de l’Assemblée nationale. Un scénario risqué, mais qui pourrait permettre à la majorité présidentielle de retrouver une légitimité électorale. Cependant, avec un Rassemblement national en embuscade et une gauche galvanisée, l’issue d’éventuelles législatives anticipées reste incertaine.
D’ici 15h, le sort de Michel Barnier et de son gouvernement sera scellé. En attendant, tous les regards restent braqués sur l’Assemblée nationale, où pourrait se jouer une des séquences politiques les plus explosives de cette législature.
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