Depuis janvier, 610 embarcations clandestines ont atteint les côtes des sept îles de l’archipel, une hausse notable par rapport aux 530 bateaux recensés en 2023. Au niveau national, l’Espagne a enregistré 56 976 arrivées sur l’ensemble de son territoire, un chiffre en hausse de 12,7 % par rapport à l’année précédente.
Un défi logistique et humain pour les autorités
Face à cet afflux massif, les autorités canariennes sont dépassées. Les infrastructures locales peinent à accueillir les nouveaux arrivants, notamment les mineurs non accompagnés, qui doivent être pris en charge dans des centres spécialisés. Les responsables régionaux ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises ces derniers mois, dénonçant une situation de plus en plus intenable.
Cette pression migratoire a contraint le gouvernement de Pedro Sánchez à ouvrir des négociations avec le Parti populaire (PP) pour envisager une répartition plus équitable des mineurs sur l’ensemble du territoire espagnol. Toutefois, ces discussions sont dans l’impasse depuis plusieurs mois, freinées par des divergences politiques profondes.
Une réforme aux Canaries pour relancer la régularisation
En réponse à cette crise, le gouvernement espagnol a adopté, en novembre, une réforme visant à faciliter la régularisation des immigrés illégaux. Ce texte prévoit notamment de réduire les délais d’obtention des titres de séjour et de prolonger les visas de recherche d’emploi de trois mois à un an. Avec ces mesures, jusqu’à 300 000 immigrés pourraient être régularisés chaque année au cours des trois prochaines années, une décision motivée par la nécessité de pallier le vieillissement de la population espagnole.
Cette réforme, bien que jugée indispensable par l’exécutif, ne fait pas l’unanimité. Elle cristallise les tensions entre ceux qui y voient une réponse pragmatique aux défis démographiques et économiques, et ceux qui dénoncent un appel d’air favorisant les arrivées clandestines.
Une route de l’Atlantique toujours plus périlleuse
Malgré les risques mortels qu’elle comporte, la route de l’Atlantique vers les Canaries demeure très prisée par les migrants. Des milliers d’entre eux ont péri ces dernières années à bord d’embarcations surchargées et précaires, confrontées aux courants puissants de l’océan.
Cette voie maritime, souvent choisie en raison d’un contrôle moins strict que celui de la Méditerranée, continue de représenter une tragédie humanitaire majeure. En novembre dernier, un bateau parti du Sénégal avec 136 migrants à bord, dont 40 femmes et 17 enfants, a été secouru près des côtes canariennes.
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