Politique
Motion de censure du NFP : le RN devrait soutenir un texte anti-RN pour faire tomber Barnier
Ce lundi 2 décembre, le NFP a dévoilé les raisons de son dépôt de motion de censure contre le gouvernement. De son côté, le Rassemblement National (RN) prévoit non seulement de déposer sa propre motion, mais aussi de voter celle de la gauche. Problème : le texte du NFP accuse l’exécutif d’un rapprochement dangereux avec le RN et dénonce, entre autres, la réduction de l’Aide Médicale d’État (AME), une mesure défendue … par le RN lui-même.
Ce lundi, le Premier ministre Michel Barnier a décidé de recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour le vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Il engage la responsabilité de son gouvernement, qui pourra être renversé si une motion de censure est déposée, puis adoptée. Aujourd’hui, le RN et le NFP ont déposé respectivement la leur motion de censure, le RN ayant même assuré qu’il voterait celle de son opposant. « Il s’agit de censurer le gouvernement, d’où que vienne cette motion de censure », a insisté Marine Le Pen depuis l’Assemblée nationale.
La motion du NFP accuse le gouvernement de céder aux obsessions de l’extrême droite
« S’il était mis en œuvre, ce budget de la sécurité sociale aggraverait les difficultés que vivent les Français », affirme le NFP dans son communiqué. « Nous avions des amendements clairs, financés par les plus riches, pour combler le déficit de la sécurité sociale d’ici 2025. Ils ont été ignorés », dénoncent les signataires de gauche. Pour le parti, le dialogue n’a jamais été une option pour l’exécutif.
🔴📑 Michel Barnier a déclenché le 24ème 49-3 sur le #BudgetSecu2025.
Nous avons donc déposé une #MotionDeCensure qui fera tomber ce gouvernement illégitime, co-signée par l’ensemble des groupes du #NFP.
Après Barnier, ce sera la tour de Macron ! pic.twitter.com/y7AzbvJrhW
— La France Insoumise #NFP à l’Assemblée (@FiAssemblee) December 2, 2024
Le ton monte également sur la loi immigration et la réduction de l’Aide Médicale d’État (AME). Les élus accusent le gouvernement de céder aux obsessions de l’extrême droite avec un projet qui, selon eux, « met en péril la santé publique et la justice sociale ». Pour la coalition de gauche, cette manœuvre traduit une tentative désespérée de l’exécutif pour rester au pouvoir, quitte à s’appuyer sur des accords implicites avec le Rassemblement National.
Un soutien paradoxal du RN
Le RN, justement, soutiendra la motion de censure de la gauche, alors même que cette dernière dénonce le rapprochement entre le gouvernement et… le RN. Si la cheffe du parti a principalement critiqué la désindexation des retraites et la hausse du coût du travail, qu’elle considère comme des « lignes rouges » franchies par l’exécutif, elle n’a pas non plus épargné le financement de l’AME.
« Nous avons fait des efforts. Nous avons accepté un milliard et demi d’alourdissement du coût du travail. Mais quand on parle de réduire l’AME de 200 millions d’euros alors qu’elle coûte entre 1,3 et 1,6 milliard… On se moque du monde », tacle-t-elle.
L’Aide médicale d’État coûte aujourd’hui entre 1,3 et 1,6 milliard d’euros à l’État. Le Gouvernement n’acceptait de baisser son budget que de 200 millions, alors que dans le même temps, il envisageait de dérembourser des médicaments. Ce n’est pas acceptable. pic.twitter.com/sapkyfwZbw
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 2, 2024
Marine Le Pen s’apprête donc à voter une motion de censure dénonçant la remise en cause de l’AME, une mesure qu’elle réclame pourtant depuis longtemps. Un paradoxe qui peut sembler déroutant sur le plan de la ligne politique, mais qui s’explique pour ceux prêts à tout pour faire tomber le gouvernement, même au prix d’une alliance de circonstance. Les plus cyniques pourraient même suggérer que la gauche a intentionnellement inclus ce passage pour dissuader le RN de soutenir leur texte.
La motion de censure, ou quand la fin justifie les moyens
Aujourd’hui, une seule chose semble unir les oppositions : le rejet d’un gouvernement affaibli et contesté. Peu importe les contradictions, les alliances improbables ou les désaccords fondamentaux. L’objectif est clair : faire tomber l’exécutif. En politique, comme souvent, la fin justifie les moyens. Reste à savoir si ce calcul politique trouvera un écho favorable auprès de tous les Français.
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