Politique
Le Premier ministre déroule ses « grands chantiers »
Ce mardi 1er octobre, le Premier ministre a détaillé les grandes priorités de son mandat dans un discours interminable à l’Assemblée nationale.
Plus d’une heure et demie. C’est le temps qu’a pris le Premier ministre pour dérouler « les grands chantiers » de son mandat. Devant les députés, il a égrainé sa feuille de route, dans un très long discours – presque interminable – truffé de promesses pour le moins ambitieuses.
Le Premier ministre promet que son action s’articulera en cinq grands chantiers : le niveau de vie des Français, l’accès aux services publics, la sécurité au quotidien, la maîtrise de l’immigration, et enfin la dette écologique et financière.
Niveau de vie : « Améliorer dès l’année prochaine »
En tête de liste de ses priorités : l’amélioration du niveau de vie des Français, particulièrement ceux frappés par la vie chère. Le Premier ministre veut des résultats rapides et tangibles. « Notre objectif est que tous les Français frappés par la vie chère constatent dès l’année prochaine une amélioration de leur niveau de vie ». Il a ainsi annoncé une revalorisation du SMIC de 2 % dès le 1er novembre, tout en promettant de s’attaquer aux branches professionnelles qui paient encore en dessous de ce seuil. « Ce n’est pas acceptable », a-t-il tranché.
« Nous revaloriserons le SMIC de 2% dès le 1er novembre » annonce Michel Barnier.
— Frontières (@Frontieresmedia) October 1, 2024
Sur l’insertion professionnelle, il entend transformer le Revenu de Solidarité Active (RSA) en un tremplin vers l’emploi. « Le RSA ne doit pas être uniquement un filet de sécurité. Nous devons en faire un tremplin vers l’insertion », a-t-il affirmé, tout en promettant que France Travail accompagnera les bénéficiaires.
Le logement, considéré comme le premier poste de dépense des ménages, n’a pas été oublié. Le Premier ministre souhaite relancer l’investissement locatif et faciliter l’accès à la propriété, avec un prêt à taux zéro étendu à tout le territoire.
Services publics : redonner confiance
Les services publics sont, selon lui, au cœur du contrat social français. Mais ils doivent retrouver leur efficacité, et surtout regagner la confiance des citoyens. Il a reconnu le désarroi de ceux qui attendent des semaines pour un document administratif ou souffrent d’un manque de professeurs dans les écoles. « Nos compatriotes sont attachés à leur service public dans tous les territoires et je comprends leur colère », a-t-il dit, avant d’insister sur la nécessité d’améliorer l’école pour qu’elle permette « à tous nos enfants de prendre leur avenir en main ».
Par ailleurs, le Premier ministre s’est engagé à lutter contre les déserts médicaux et à simplifier les démarches administratives qui pèsent sur les soignants, tout en qualifiant la bureaucratie dans le système de santé de « maladie ».
Sécurité : fermeté et présence policière
Sur le plan de la sécurité, le chef de Matignon a appelé à un renforcement de la présence policière, notamment dans les zones rurales et les quartiers, pour rassurer les citoyens. « Les Français ont besoin d’être rassurés par la présence de nos forces de l’ordre », a-t-il déclaré, tout en promettant la création de nouvelles brigades de gendarmerie.
La lutte contre le trafic de drogue a également été érigée en priorité, qualifiée de « gangrène » qui mine de nombreux territoires. « La lutte implacable contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et l’économie souterraine sera aussi une priorité du gouvernement ».
Enfin, il a annoncé une révision des peines. « Nous proposerons des peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits », a-t-il précisé, en promettant de limiter les réductions de peine et d’élargir le recours aux travaux d’intérêt général.
Immigration : « pragmatisme et dignité »
Sur l’immigration, le Premier ministre prône le pragmatisme. Il a reconnu que la politique migratoire actuelle n’était plus maîtrisée et a promis de traiter les demandes d’asile plus rapidement, de renforcer les contrôles aux frontières et d’accentuer les efforts pour reconduire les migrants en situation irrégulière. « Nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante notre politique migratoire », a-t-il déploré.
À lire aussi : Immigration : Michel Barnier présente ses orientations
Priorité aux dettes écologiques et financières, les deux épées de Damoclès
Le dernier volet de son discours, et non des moindres, a porté sur la double « épée de Damoclès » qui pèse sur le pays : la dette financière et la dette écologique. Sur la dette, le Premier ministre n’a pas mâché ses mots. « La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale. 3228 milliards d’euros », a-t-il rappelé, avant d’appeler à la réduction des dépenses publiques, en ciblant l’inefficacité et la fraude.
Quant à la transition écologique, il a souligné les progrès réalisés, mais a appelé à aller plus loin. « Nos émissions de gaz à effet de serre ont à nouveau diminué de 3,6 % au premier semestre 2024. Nous devons faire plus pour lutter contre le changement climatique », a-t-il déclaré, tout en s’engageant à diversifier les sources d’énergie entre nucléaire et renouvelables.
La gestion de l’eau, un enjeu crucial, a également été abordée. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de repenser la gestion des nappes phréatiques et d’agir face aux sécheresses et inondations.
Et maintenant, on finance comment ?
C’est la question que tout le monde se pose. Avec une dette qui « placera notre pays au bord du précipice » si rien n’est fait, et un déficit public qui pourrait dépasser les 6 % du PIB en 2025, les défis budgétaires à relever pour financer un tel programme sont immenses.
Pourtant, le Premier ministre reste optimiste : il mise sur une réduction des dépenses publiques pour redresser les comptes (à paraître dans un prochain article).
Avant que ces belles promesses ne rejoignent les oubliettes des réformes inabouties, trêve de discours : place aux actes.
Aucun commentaire
Loading