Politique
François Bousquet : Autopsie d’une nouvelle France
De nouveaux clivages et de nouvelles populations façonnent aujourd’hui un champ politique français bouleversé depuis 2017. L’essayiste et rédacteur en chef de la revue Eléments François Bousquet a analysé pour nous le visage politique de la France de 2024.
Le RN s’est imposé comme le parti hégémonique à droite, battant au passage ses adversaires qui misaient sur une ligne libérale-conservatrice. Le clivage droite-gauche est-il définitivement enterré selon vous ?
Il sera difficile de l’enterrer, le clivage a 250 ans d’histoire derrière lui, même s’il n’a pris sa forme canonique qu’à la fin du XIXe siècle. Il est si puissant qu’il s’est quasi universalisé au XXe siècle à partir de sa matrice française. C’est dire s’il touche des ressorts profonds dans les imaginaires et les représentations politiques. A-t-il fait son temps ? Difficile à dire, mais il n’est plus la summa divisio du jeu politique. Ce qui demeure, c’est la polarisation propre au dualisme démocratique, grand pourvoyeur d’identités et d’antagonismes partisans, surtout en France où la nature du scrutin présidentiel à deux tours (qui met aux prises deux adversaires symétriques) en assure la pérennité. Disons que le clivage perdure, mais il n’est plus tant horizontal (de la droite vers la gauche, et réciproquement) que vertical : le haut contre le bas.
C’est le RN qui a su le mieux capter et incarner cette nouvelle donne, jusqu’à atteindre une masse critique telle qu’elle le place en position de faiseur de roi et, qui sait demain, de roi. Or, son électorat est affecté d’un coefficient « de désidéologisation avancée », selon les mots du politologue Jean-Yves Camus. Désidéologisation, acculturation, dépolitisation, perte des grandes références historiques, comme si on était entré dans « la France d’après » décrite par Jérôme Fourquet.
On parle souvent de déconnexion entre « l’élite » et le « peuple ». Quels sont les nouveaux marqueurs sociaux de ces deux catégories ? Pourquoi ne se mélangent-elles plus ?
La fracture entre les élites et le peuple a toujours existé, mais elle repose aujourd’hui sur des modes de vie de plus en plus différenciés, des valeurs de plus en plus opposées et des territoires de plus en plus distincts. Ra
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