Politique
Sur BFMTV, Mathilde Panot accuse Frontières d’avoir créé la polémique sur le délit d’apologie du terrorisme
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, défend la proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme dans le code pénal en accusant Frontières alors que notre média a seulement fait son travail en révélant des informations.
Invitée de l’émission BFM Politique ce dimanche 24 novembre, Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, a vivement critiqué ce qu’elle appelle une « manipulation médiatique » orchestrée par « Frontières, une revue d’extrême droite ». Cette déclaration fait suite à la publication, jeudi dernier, d’une information sortie par notre média, révélant que LFI avait déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme inscrit dans le code pénal.
Une polémique explosive initiée par Frontières
L’article de Frontières, publié le 21 novembre, dévoilait le contenu de cette proposition de loi portée par le député Ugo Bernalicis. Le texte visait à retirer le délit d’apologie du terrorisme du code pénal pour le ramener au cadre de la loi sur la liberté de la presse de 1881. Pour Ugo Bernalicis, « les méthodes de l’antiterrorisme ont été détournées de leur objectif initial pour réprimer la liberté d’expression ».
Les révélations de Frontières ont rapidement déclenché un tollé politique. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié cette proposition de « difficilement plus ignoble ».
LFI dépose une PPL pour abroger le délit d’apologie de terrorisme.
C’est difficile de faire plus ignoble. pic.twitter.com/wFJDGEjktU— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) November 23, 2024
À droite, Éric Ciotti, président du groupe Union des droites, a fustigé « une infamie de plus des Insoumis ». Du côté de la majorité présidentielle, le député macroniste Sylvain Maillard s’est indigné, interpellant les socialistes alliés au Nouveau Front populaire (NFP) : « Comment pouvez-vous continuer à siéger avec eux ? »
La défense de Mathilde Panot sur l’apologie du terrorisme
Face aux critiques, Mathilde Panot a finalement tenté de clarifier la position de LFI, expliquant en rétropédalant que la proposition ne visait pas à supprimer le délit mais à le replacer dans un cadre légal différent : « Nous n’abrogeons pas, nous le remettons dans le droit de la presse. Nous dénonçons que ce soit dans le code pénal. »
Mathilde Panot a choisi de cibler Frontières et « l’extrême droite », accusant notre média d’avoir instrumentalisé cette actualité. Une réaction pour le moins étonnante, car elle revient à critiquer un média pour avoir simplement fait son travail : enquêter et révéler une information d’intérêt public.
En mettant en lumière la proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme, nous avons rempli notre mission journalistique d’informer les citoyens sur des décisions politiques majeures.
Plutôt que de répondre sur le fond, cette élue de La France Insoumise préfère attaquer le messager, évitant ainsi de justifier des positions qui suscitent une indignation légitime dans l’opinion publique.
Elle a fini par dénoncer auprès de BFMTV une « instrumentalisation du délit » et pointé du doigt des abus contre des voix critiques. « Ce n’est pas juste LFI qui le dit. Marc Trevidic, ancien juge antiterroriste, a lui-même reconnu qu’il fallait le courage de revenir en arrière. »
Une ligne de défense assez fragile
Cependant, cette tentative de rétropédalage intervient après plusieurs jours de vives réactions. Le dépôt de la proposition a aussi relancé le débat sur les précédentes polémiques impliquant des responsables LFI. Mathilde Panot et Rima Hassan, eurodéputée de LFI, ont notamment été convoquées par la police en avril 2024 pour « apologie du terrorisme ». Cette enquête faisait suite à un communiqué controversé publié par LFI après l’attaque du Hamas contre Israël en octobre 2023, qualifiant l’attaque d’ « offensive armée » et l’associant à « l’intensification de la politique d’occupation israélienne ».
Mélenchon monte au créneau
Jean-Luc Mélenchon, leader historique de LFI, a dénoncé une « agression orchestrée » contre son parti. Selon lui, la polémique est une attaque concertée contre LFI, « venue de l’extrême droite et servilement reprise par l’officialité médiaticopolitique ». Il a appelé à « lire le texte de la proposition de loi plutôt que de se faire des films ».
Une controverse sur l’apologie du terrorisme dans un climat déjà tendu
La proposition de loi intervient dans un contexte où le gouvernement durcit son arsenal juridique contre l’apologie du terrorisme. Une circulaire du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, datée d’octobre 2024, exige des magistrats une répression ferme contre toute glorification des actes terroristes. Depuis, les poursuites pour apologie du terrorisme ont explosé, atteignant 626 procédures en janvier 2024, selon Le Monde.
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