L’arrestation de Boualem Sansal justifiée à demi-mots sur France 5 ce soir : « On pourrait regarder l’entretien de Boualem Sansal à Frontières, média d’extrême droite : ce qu’il dit est choquant. »

La scène est choquante et indigne du service public : accueilli régulièrement, et sans véritable contradiction sur les plateaux de France 5 et autres chaînes financées par l’impôt des Français, le docteur en sciences politiques Nedjid Sidi Moussa a à demi-mots justifié, sur le plateau de l’émission C Politique de ce dimanche 24 novembre, l’emprisonnement de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien et membre du comité éditorial de Frontières. Citant le passage de ce dernier dans notre média, l’essayiste Sidi Moussa, après avoir diffamé notre équipe qu’il qualifie “d’extrême droite”, affirme que considérer Boualem Sansal comme un “homme des lumières, qui défend les grandes causes“, c’est “se tromper complètement“. De fait, selon lui, l’écrivain emprisonné reprendrait les thèses d’Éric Zemmour en tenant un discours “hostile aux immigrés et aux musulmans“.

Je suis scandalisé par ce qu’affirme cet homme, reçu avec le tapis rouge par France 5 et le service public. Il prétend ne pas justifier l’arrestation de Boualem Sansal, mais c’est exactement ce qu’il fait. Quand va-t-on arrêter de tendre le micro à des agents de l’étranger ? https://t.co/2ZkvpGUBHa

— Erik Tegnér (@tegnererik) November 24, 2024

Évoquant son malaise face à Boualem Sansal, Nedjid Sidi Moussa fustige les soutiens de l’écrivain franco-algérien en affirmant que les “militants des droits de l’homme, militants anti-racistes et intellectuels du milieu culturel parisien” se trompent complètement et seraient “aveugles ou complices”. Pour comprendre, il faut savoir d’où parle l’essayiste Sidi Moussa. Politologue, enseignant (Panthéon-Sorbonne) et auteur, celui-ci ne cache ni son engagement à gauche ni son engagement pour une autre vision de l’Algérie qu’il théorise dans son ouvrage Algérie, une autre histoire de l’indépendance (Puf, 2019). Né à Valenciennes dans une famille de réfugiés messalistes, partisans de la doctrine ou de l’ensemble des idées défendues par Messali Hadj (père du nationalisme algérien), ce dernier grandit donc dans l’endoctrinement anticolonial. Une haine de la France dans son rapport à l’Algérie qui le met inévitablement dans une opposition frontale à Boualem Sansal aujourd’hui, de laquelle découle une forme de satisfaction à peine dissimulée sur France 5 quant à l’emprisonnement de l’auteur.

Toujours aucune nouvelle de Boualem Sansal

Rappelons que l’écrivain franco-algérien, membre du comité éditorial de Frontières, a été arrêté le 16 novembre dernier par les autorités algériennes qui utilisent ses propos dans un entretien chez Frontières et tentent de l’attaquer pour intelligence avec l’ennemi. Comme l’explique notre rédacteur en chef, Jules Laurans, Boualem Sansal, selon ses proches, va être présenté devant un juge. “L’écrivain risquera au pire une condamnation en prison, avec un traitement qui on le sait sera compliqué pour cet opposant au régime, ou recevra au mieux une ISTN, c’est-à-dire une Interdiction de Sortie du Territoire National pour l’empêcher de parler” rapporte Jules Laurans. De son côté, la député européenne Sarah Knafo a elle demandé de toute urgence un débat au parlement européen pour exiger la libération de l’auteur.

Erik Tegner, directeur de la rédaction de Frontières, reviendra demain matin dans notre matinale dès 08h sur ce nouveau scandale. Vous pouvez nous écouter via notre application mobile Frontières (disponible sur Android et iOS), sur notre compte X, et notre chaîne Youtube.

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