Politique
Vente de Doliprane : un symbole de la désindustrialisation de la France ?
La récente vente de la marque Doliprane par Sanofi au fonds américain CD&R a déclenché une vague d’indignation en France. L’essayiste, économiste et président de Reprenons le Contrôle Charles-Henri Gallois nous éclaire sur cet énième échec industriel français.
La célèbre boîte jaune de Doliprane semble hanter l’esprit de nos dirigeants politiques pour cette rentrée 2024. La vente par le géant pharmaceutique français Sanofi de son activité de médicament sans ordonnance et de compléments alimentaires (la filiale Opella) avait pourtant été annoncée dès octobre 2023.
Ce qui fait scandale, au-delà de la cession, c’est le choix comme acquéreur du fonds américain CD&R (Clayton, Dubilier et Rice). L’exigence de rentabilité maximale de ces fonds n’est parfois pas conciliable avec des intérêts stratégiques nationaux.
Pour comprendre ce dossier, il faut revenir au point de départ : le Doliprane est un médicament dont le principe actif est le paracétamol. Or, tout le monde, à l’exception de la macronie, se remémore les pénuries de paracétamol et les rationnements rencontrés pendant la période du Covid. C’était l’époque des discours grandiloquents sur la priorité à donner à la souveraineté sanitaire. Tout ceci semble bien loin désormais.
Les Français sont les deuxièmes plus gros consommateurs mondiaux de paracétamol avec près de 8 000 tonnes par an. 424 millions de boîtes de Doliprane ont ainsi été fabriquées et livrées en France en 2022. Plus de six boîtes par Français par an. Le Doliprane, c’est 80 % des ventes de paracétamol en France. Le plus vendu en volume. C’est dire l’enjeu symbolique tant ce médicament est présent dans l’armoire à pharmacie des Français.
Les conditions de la cession sont aussi pour le moins troublantes. Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie, a affirmé lors d’une interview sur BFM que la directrice d’Opella, Julie Van Ongevalle, aurait touché une prime spéciale de 200 millions d’euros pour accepter l’accord avec les Américains. Si ces affirmations étaient avérées, cela rappellerait le bonus de 4 millions d’euros qu’avait obtenu Patrick Kron, ex-PDG d’Alstom, pour « avoir assuré un avenir pérenne à Alstom Énergie ». En termes moins feutrés, il s’agissait là n
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