Politique
Sondage : 53 % des Français pour une motion de censure contre le gouvernement Barnier
Face à une motion de censure imminente, un sondage révèle que 53 % des Français souhaitent le renversement du gouvernement de Michel Barnier, marqué par une chute de popularité.
Alors que le spectre d’une motion de censure se précise, Michel Barnier continue d’afficher une sérénité qui tranche avec le mécontentement croissant de l’opinion publique. Selon un sondage Ipsos publié le 23 novembre, 53 % des Français se déclarent favorables à une motion de censure contre son gouvernement. Cette évolution marque une rupture nette avec la situation d’il y a quelques semaines, où l’exécutif bénéficiait encore d’un soutien plus large.
Une popularité en chute libre
Michel Barnier, perçu par ses proches comme « rassurant » dans un climat de tensions, connaît cependant une baisse notable dans les sondages. Sa cote de satisfaction est tombée à 36 % en novembre, soit une chute de 9 points en seulement trois mois. Ce recul frappe particulièrement certains groupes sociaux : 51 % des retraités se disent insatisfaits de son action, tout comme 73 % des fonctionnaires, un chiffre en hausse de 10 points.
Malgré ces signaux d’alarme, l’entourage de Barnier minimise la situation, vantant sa méthode « pas à pas » et son projet de 50 mesures à venir en janvier. Cependant, cette approche semble en décalage avec l’impatience d’une partie des Français. « Il ne fait rien », « il ne se passe rien », commente une majorité des sondés du baromètre IFOP pour Le JDD, illustrant un mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme de l’immobilisme.
Une opposition qui s’organise pour la censure
Le mécontentement dépasse les clivages politiques. Si 72 % des sympathisants du Nouveau Front Populaire (NFP) soutiennent la motion de censure, la véritable bascule provient des électeurs du Rassemblement national (RN). Selon une étude Elabe, 61 % des électeurs RN sont désormais favorables à un renversement du gouvernement, une augmentation de 32 points en un mois. Ce basculement est renforcé par les récentes déclarations de Marine Le Pen, qui a affirmé que ses députés voteraient la censure si le budget amputait davantage le pouvoir d’achat des Français.
Pour autant, l’opposition à la censure reste forte dans les rangs de la majorité présidentielle et chez Les Républicains. 85 % des sympathisants macronistes et 83 % des électeurs LR rejettent l’idée d’une motion de censure, bien qu’une minorité croissante, notamment chez Renaissance (+10 points), semble ouverte à cette possibilité.
Une stratégie contestée au sein même de la majorité
Dans les rangs d’Ensemble pour la République (EPR), les tensions montent. Les députés reprochent à Matignon son manque d’interaction avec les oppositions, particulièrement le RN, qui détient une position stratégique dans l’hémicycle. « À part la droite républicaine, le Premier ministre ne traite personne, il est bien trop sûr de lui », confie un député macroniste.
Le style de gouvernance de Michel Barnier, qualifié d’« Hibernatus » par un proche, est jugé en décalage avec les attentes actuelles. « Les Français étaient habitués à des gouvernants omniprésents et réactifs. La rupture Barnier est brutale », analyse une ministre macroniste de la première heure. Si certains saluent une démarche méthodique, d’autres y voient une dangereuse inaction face à une opposition de plus en plus déterminée.
Un risque accru de censure du gouvernement
Pour que la motion de censure aboutisse, 289 voix sont nécessaires. Avec 193 députés à gauche et 126 au RN, les oppositions rassemblent déjà 320 voix, bien au-delà du seuil requis. Cette dynamique pose une menace directe sur la stabilité de l’exécutif.
Dans ce contexte, Michel Barnier doit non seulement convaincre les députés RN de ne pas voter la censure, mais aussi ressouder les rangs de sa propre majorité. Une tâche ardue, alors que des tensions internes éclatent au grand jour et que plusieurs ministres menacent de démissionner si le gouvernement est renversé.
Une motion de censure, reflet d’une défiance globale
Le mécontentement vis-à-vis de Michel Barnier va au-delà des seuls clivages partisans. Selon Elabe, 62 % des Français estiment que les décisions du Premier ministre « vont dans la mauvaise direction ». Ce chiffre monte à 77 % chez les électeurs du NFP, mais touche également 26 % des électeurs macronistes, un chiffre en hausse.
Ce désaveu traduit un climat de défiance généralisée envers un exécutif perçu comme déconnecté des préoccupations des Français. Avec un budget qui cristallise les tensions, les prochaines semaines seront cruciales pour Michel Barnier.
À quatre semaines du vote sur le budget, la stratégie de Michel Barnier repose sur un équilibre fragile. Si le Premier ministre ne parvient pas à convaincre une partie des députés RN et à rassurer ses propres soutiens, le spectre de la motion de censure pourrait devenir une réalité.
Pour l’heure, Matignon joue la carte de la prudence, mais l’opposition se prépare à frapper fort. « Le Premier ministre va devoir accélérer », prévient un député barniériste. Reste à savoir si Michel Barnier est prêt à sortir de son immobilisme pour éviter une chute qui semble, pour beaucoup, déjà amorcée.
À lire aussi : Près d’un Français sur deux favorable à l’immigration zéro
Aucun commentaire
Loading