Enquêtes
Frontières rencontre un passeur au Sénégal : « Les gens qui travaillent ici, s’ils voient une pirogue partir ils embarquent. »
ENTRETIEN : Sur les plages de Saint-Louis au Sénégal, nous rencontrons Abdoulaye, passeur de migrants depuis 2006. Saint-Louis est devenu depuis quelques années un point de passage pour les milliers de migrants souhaitant rejoindre l’Europe. Trafic d’êtres humains, passeurs illégaux, routes vers l’Europe. Abdoulaye se livre sans complexe et dévoile l’eldorado fantasmé qu’il vend à ses clients, à travers les associations françaises et les minimas sociaux.
En 2023 plus de 40 000 personnes ont débarqués au Canaries depuis les Côtes Africaines. Des voies de migration de nouveaux empruntées afin d’éviter les contrôles renforcés au nord de la Méditerranée. L’Ouest du Maroc n’est plus la principale enclave de départ. Désormais, la Mauritanie, la Gambie, le Sénégal sont entrés dans la danse. C’est dans ce contexte d’une année 2024 qui bat tous les records en matière de voie migratoire, qu’Erik Tegnér a rencontré Abdoulaye, passeur de migrants, sur les plages de Saint-Louis au Sénégal.
C’est ici, sur le sable d’une plage du Sénégal, d’où partent précisément des centaines de bateaux de migrants par an, que l’échange va débuter. Visualiser tous ces points de départ et être à la source est une opportunité unique. J’ai tenu à rapporter ici notre entretien pour vous laisser seuls juges.
Abdoulaye, passeur de migrants
Erik Tegnér : Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Abdoulaye. Je suis pêcheur, j’habite au quartier sud. Je suis devenu passeur de migrants par accident, en 2006. Les gens sont venus chez moi et m’ont proposé de partir. J’étais pêcheur, donc je connais bien le trajet.
Comment ce métier se passait ?
Les gens s’assoient au bord du fleuve. Ils discutent entre eux et ont des amis qui les font venir. Puis ils s’organisent avec des gens comme moi. Avec le matériel, ils fixent le prix à 400-500 000 francs CFA par personne. Quand on part, on se fait passer pour des pêcheurs, avec notre tenue. Par pirogue, on est parfois 150 ou 200, parfois plus même. On va vers la Mauritanie avec une escale, puis c’est Nouadhibou, le Maroc et les îles Canaries en Espagne. C’est un métier dangereux. Il y a beaucoup de frais : l’essence, la priorité, les machines. Et surtout le côté mystique pour qu’on ne t’attrape pas : les ablutions, les prières. Beaucoup de prières. Il faut deux capitaines dans le bateau. Je p
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