Politique
François Bersani : « On assiste à de nouvelles méthodes, l’ubérisation du trafic de stup »
François Bersani, porte-parole du syndicat Un1té Ile-de-France, était ce matin l’invité de notre Réveil des Idées. Le policier a évoqué la DZ MAFIA et la guerre contre le narcotrafic.
Jules Laurans : Les groupes comme la DZ mafia engagent de plus en plus des jeunes individus pour commettre des crimes, à travers des commandes, comment en est-on arrivé là à Marseille ?
François Bersani : Les procureurs sonnent la sonnette d’alarme, Marseille devient une narco-ville. On utilise dans le domaine public les termes de narco-micides ou narco-état. On peut très vite dériver, l’état des Pays-Bas ou de la Belgique où les gangs de narcos menacent des ministres d’enlèvement. On constate la puissance de ces narcotrafiquants.
Aujourd’hui, il y a à Marseille une vraie guerre économique entre trafiquants, entre le clan Yoda et celui de DZ Mafia, il y a une véritable guerre de terrain pour conquérir ce marché. On assiste à de nouvelles méthodes, l’ubérisation du trafic de stup, on va chercher aux quatre coins de la France des mercenaires.
L’opération place nette de Gérald Darmanin n’a pas convaincu les policiers sur le terrain. Quelle est votre vision de cette opération six mois après ?
L’opération place nette est une opération de communication. L’État aime communiquer et parfois se justifier en faisant des opérations. Ce sont des opérations de déstabilisation d’un point de deal. En effet, cela va porter ses fruits sur un ou deux jours puisqu’on va saturer l’espace public dans une commune. En revanche, ce n’est pas le travail au long terme que font les offices spécialisés. Les opérations places nettes ne peuvent pas résoudre le travail de stupéfiants, il faut démanteler les réseaux, il faut taper au porte-monnaie.
Nous devons aussi travailler avec des pays importateurs, et ainsi remettre des douaniers dans les ports. Nous devrions être en capacité de scanner les conteneurs. En somme, nous connaissons les recettes, l’opération place nette, ce n’est que prendre le bout du fil, mais sur le long terme, ce n’est pas la solution pour éradiquer ces réseaux.
Il y a une question qui revient dans le débat, celle de la corruption éventuelle des magistrats. Pensez-vous que cela ait déjà pu avoir lieu ?
Je n’ai pas souvenir d’affaire de ce genre. C’est justement ce qui fait la différence entre un narco-État et un État en voie de l’être. En France nous ne le sommes pas encore, je ne sais pas pour combien de temps. Si rien n’est fait sérieusement, il y a tous les risques de le devenir. Si les Pays-Bas et la Belgique sont réellement menacés comme c’est le cas actuellement, il n’y a pas de raison que ce danger ne nous touche pas. C’est comme le nuage de Tchernobyl, il ne va pas s’arrêter à la frontière.
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