[Édito] Bayrou à Matignon : la victoire de la politicaillerie, de la mollesse et du néant

François Bayrou… Qui aurait pu le prédire, franchement ? Tout le monde et personne à la fois en fait : son accession à Matignon n’amène qu’un sentiment de déception car elle ne traduit rien d’autre que la victoire d'un gros serpent qui louvoie depuis vingt ans pour enfin obtenir un poste.

François Bayrou : champion de la manœuvre

Il était déjà député en 1986 et ministre sous François Mitterrand. Il a trahi Edouard Balladur, c'est dur. Autant dire qu’il s’agit d’un homme de l’ancien monde. Si Michel Barnier était plus ancien encore, il avait encore conservé de sa jeunesse une certaine rigueur, ce qui ne tarda pas à le mener à sa perte.

Bayrou est d’une autre trempe, et, quelque part, on imagine difficilement meilleur homme d’État pour une période si médiocre. Dans une Assemblée bloquée par un système tripartite, incapable de dégager une majorité, il ne faut que de la mollesse. Or, de la mollesse, Bayrou en a à revendre : exécuter des tours de souplesse dorsale, inscrire son nom sur un rond de serviette et glisser de manière amorphe dans le marécage politique sont ses spécialités.

Issu du centre droit, il ne donne pourtant aucune consigne de vote en 2007 malgré son score de 18,6 % au premier tour. Il confiera d’ailleurs avoir voté blanc après avoir donné quelques signes à Ségolène Royal : encore une qui pourrait entrer au gouvernement, tiens. Il fonde alors le MoDem, qui n’a d’ailleurs pas changé de nom depuis.

C’est en 2012 qu’il montre que le centre n’est pas un bloc, mais un agrégat du néant. Après une défaite assez cuisante au premier tour avec moins de 10 %, il annonce voter pour François Hollande. Malgré tout, à sa grande déception sans doute, pas de poste pour le président du MoDem : il faudra sans doute attendre.

Le boulet d’Emmanuel Macron

En 2017, tout le monde le sait, c’est Bayrou qui permet finalement à Emmanuel Macron d’accéder au second tour