Politique
Jérôme Sainte-Marie sur le vote RN « Jamais les communistes n’ont fait de tels scores chez les classes populaires »
Ce jeudi 10 octobre, le sondeur et politologue Jérôme Sainte-Marie était l’invité de notre Interview Frontale.
Jérôme Sainte-Marie, politologue et sondeur ayant collaboré avec le Rassemblement national était ce matin l’invité de notre Interview Frontale. Il a été interrogé au micro de notre journaliste Alexandre de Galzain.
Alexandre de Galzain : Jérôme Sainte-Marie, pourquoi le RN a échoué lors des dernières élections législatives anticipées ?
Jérôme Sainte-Marie : Le Rassemblement National a échoué par la mobilisation exceptionnelle de nos concurrents et par l’alliance qu’on a appelée improprement le Front républicain. Il a perdu à cause d’excellents reports de voix, il faut dire les choses comme elles sont, de la gauche sur les macronistes et les macronistes sur la gauche. C’est d’ailleurs pour ça que je vous parle en tant que sondeur, et non pas en tant que député. Cela s’est joué à assez peu de choses. Ce qui m’a beaucoup frappé d’ailleurs, je vous parle de la première circonscription des Hautes-Alpes, parce que c’est une fractale, en quelque sorte, de ce qui s’est passé au niveau national.
Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est de voir que la mobilisation était aussi forte, voire un peu plus forte, au second tour qu’au premier tour. Et que, malgré le programme délirant du Nouveau Front populaire, les candidats macronistes s’étaient retirés. Ensuite, en l’occurrence, c’était une triangulaire.
Quelle est la différence principale entre le vote RN lors des élections Européennes, et le vote RN lors des dernières élections législatives anticipées ? On a la sensation qu’il y a eu une sorte d’essoufflement …
L’effet d’entraînement a été massif. N’oublions pas que la participation a été forte aux législatives. J’insiste beaucoup là-dessus, parce que ça veut dire qu’il y a eu 11 millions de bulletins de vote qui ont été déposés. C’est important car ça signifie que beaucoup de ces électeurs étaient des nouveaux électeurs. Pour le Rassemblement national, puisque c’est un parti qui a été, comme on dit, diabolisé, c’est le premier pas qui coûte. Quand vous avez voté rassemblement national et quand vous entendez ensuite les caricatures qui sont faites de ce vote, ça a tendance non pas à vous décourager, mais au contraire à vous solidariser de ce vote.
C’est un véritable trésor, ces 11 millions de voix qui se sont portées sur les différents candidats du Rassemblement national aux élections législatives, car ce sont des gens qui sont désormais déterminés. Diaboliser le voisin, c’est moins facile. Encore une fois, je prends ce département dans lequel il n’y a pas d’élu, en plus, aucun des deux candidats n’a réussi à être élu aux législatives, mais on a fait 46 % des voix. C’est-à-dire que tout le monde d’un département comme celui-là soit a voté pour nous, soit connaît des gens autour de lui qui ont voté pour nous, et ils savent très bien que ce sont des gens parfaitement normaux et fréquentables.
Quelles sont les conquêtes électorales du RN, on a vu une progression chez les retraités, chez les cadres, comment cela se traduit dans les chiffres ?
Ce qui est très intéressant, c’est que le rassemblement national a changé de niveau, le niveau est monté très fortement, mais il n’a pas changé de structure. Alors, je sais que le récit médiatique, c’est de dire, il y a de nouveaux électeurs.
En valeur absolue, le Rassemblement national a moins monté chez les cadres qu’il n’a continué à augmenter chez les ouvriers et chez les employés. À la proportionnelle, c’est inimaginable. Jamais le Parti communiste, n’avait fait de tels résultats dans les catégories populaires. Je ne pensais pas ça possible.
Mais je ne croyais pas qu’on pouvait encore augmenter le rassemblement national dans ces catégories-là. Là où les mouvements sont les plus importants, c’est dans les classes moyennes. En réalité, c’est un développement. Je ne crois guère au concept de bourgeoisie patriote : en tant que sondeur, je le constate. La progression du Rassemblement national du vote patriote, justement, se fait par capillarité. Ça part des classes populaires et ça progresse actuellement dans le monde des fonctionnaires.
Retrouvez notre matinale sur ce lien : Frontières — la Matinale du 10 octobre
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