Société
Nantes : exaspérés par l’indiscipline au sein de leur établissement, des enseignants exercent leur droit de retrait
Bousculé par deux élèves, un professeur d’un lycée professionnel de la banlieue nantaise a été agressé vendredi dernier, poussant une trentaine d’enseignants à exercer leur droit de retrait. Ce nouvel incident s’ajoute à une série d’actes violents et d’un profond malaise au sein de l’établissement.
Dans un lycée professionnel de Bouguenais, près de Nantes, les enseignants ont récemment exercé leur droit de retrait suite à une nouvelle agression. Vendredi dernier, le 6 décembre, un professeur a été bousculé par deux élèves, une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Face à un climat scolaire devenu insupportable, les enseignants du lycée Pablo Neruda, au nombre de trente environ, ont décidé de ne plus enseigner. Leur action s’est prolongée jusqu’au mercredi matin, afin de protester contre leurs conditions de travail.
Le rectorat de Nantes a confirmé à nos confrères du Figaro avoir pris des mesures contre les auteurs de cette agression, notamment en lançant une procédure disciplinaire et en faisant appel à un service de sécurité mobile. Une réunion entre les professeurs mécontents et la direction académique était prévue le mercredi soir, au quatrième jour de ce mouvement. Pourtant, les problèmes au sein du lycée Neruda ne datent pas d’hier. Depuis la pandémie de Covid-19, il y a quatre ans, les tensions se sont intensifiées au point qu’un premier droit de retrait avait été évité de justesse grâce à l’intervention d’un médiateur.
Des incidents récurrents
Avant même cette crise, le lycée était déjà le théâtre de nombreux incidents : des bagarres entre élèves, des dégradations, des incendies dans les toilettes, et des « propos déplacés » lors des hommages à Samuel Paty. Les menaces de mort étaient également monnaie courante. Aujourd’hui, la situation a empiré, avec une discipline qui s’effondre, des vols récurrents et un environnement anxiogène.
D’autres enseignants rapportent des difficultés similaires : imposer le respect, faire enlever les capuches, ou même écrire au tableau sans que cela ne tourne à l’affrontement. Depuis la rentrée de septembre, près de 500 incidents ont été enregistrés, poussant les enseignants à bout, beaucoup ne restant qu’un temps très court à leur poste. En novembre, une enseignante a été giflée en tentant de calmer une bagarre. Chacun redoute le prochain incident, celui qui pourrait mener à une tragédie.
Les enseignants demandent des moyens supplémentaires
En réponse, les enseignants demandent un dédoublement des classes et une augmentation des effectifs, notamment un CPE supplémentaire et un proviseur adjoint pour améliorer leur cadre de travail. La mairie de Bouguenais, petite ville près de Nantes, attentive à la situation, note que des travaux de rénovation ont été effectués autour du lycée, mais souligne un manque crucial de mixité sociale. Sandra Impériale, maire de Bouguenais, indique que ce problème social n’a pas de solution rapide. Une partie des enseignants en retrait avait repris le travail dès mardi.
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