Société
La France pourrait-elle produire ses propres munitions à nouveau ?
Les armées françaises pourraient bientôt être approvisionnées en munitions fabriquées sur le sol national. Emmanuel Chiva, délégué général à l’armement, a confirmé que la relocalisation de la production de cartouches de petit calibre était à l’étude. Ce projet marque un tournant après trente années de dépendance vis-à-vis de fournisseurs étrangers.
Depuis les années 1990, la France a choisi d’acheter ses munitions à l’étranger, une décision motivée par des considérations budgétaires. Toutefois, le contexte géopolitique, marqué par des tensions internationales croissantes et le conflit en Ukraine, a fait renaître la question de l’autonomie stratégique. En cas de guerre, les stocks actuels de munitions s’épuiseraient en quelques jours, comme l’avait déploré le sénateur Christian Cambon dès 2022. Face à ces risques, le gouvernement explore la possibilité d’implanter une nouvelle usine en France, un projet jugé essentiel pour la sécurité nationale.
Une opportunité pour renforcer l’autonomie stratégique
Relancer une filière nationale de production de munitions serait un énorme avantage pour l’autonomie militaire de la France. L’idée avait déjà été évoquée par des ministres précédents, mais elle n’avait jamais vu le jour, freinée par des choix politiques et des contraintes économiques. Aujourd’hui, la volonté semble plus ferme, appuyée par une prise de conscience de l’importance de la souveraineté industrielle. D’après Rémy Thannberger, expert du secteur, les savoir-faire n’ont pas complètement disparu, notamment grâce à la relocalisation de certaines activités, comme une usine de poudre à Bergerac.
Malgré les obstacles techniques et financiers, l’investissement requis reste relativement faible au regard du budget global des armées. Estimé à une centaine de millions d’euros, ce projet pourrait renforcer durablement la capacité de défense nationale. La France conserve également des atouts avec des industriels comme Thalès, qui produit déjà des munitions à l’étranger. Selon les experts, tout dépendra de la volonté politique de concrétiser cette initiative.
Une filière stratégique à reconstruire
Comme le rapporte Valeurs Actuelles, la perte de l’entreprise Manurhin, spécialiste historique de la fabrication de machines pour munitions, illustre le désengagement passé de la France. Rachetée en 2018 par les Émirats arabes unis, cette société avait continué d’exporter son expertise faute de commandes nationales. Réparer ces lacunes pourrait permettre à la France de regagner sa place parmi les pays leaders dans l’industrie de défense.
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