Politique
Sandrine Rousseau ou l’art de la polémique, pour elle « Boualem Sansal n’est pas un ange. »
En dénonçant l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal, tout en le qualifiant de « suprémaciste » et en déclarant qu’il « n’est pas un ange », Sandrine Rousseau suscite une indignation généralisée.
Sandrine Rousseau a encore frappé. La députée écologiste de Paris, s’est une nouvelle fois illustrée par une déclaration qui ne manque pas de provoquer l’indignation. Invitée de Jean-Jacques Bourdin sur le plateau de Sud Radio le 10 décembre, elle a commenté la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, actuellement sous le coup d’une menace de prison à perpétuité en Algérie et dont la demande de remise en liberté vient d’être rejetée. Si l’élue dénonce son emprisonnement, elle n’a pas manqué de le qualifier de manière pour le moins surprenante : « Boualem Sansal n’est pas un ange. » Ce commentaire, lâché au détour d’une dénonciation timide de l’emprisonnement de l’auteur, laisse perplexe et révèle, une fois encore, son penchant pour la polémique gratuite et la posture moralisatrice.
Une accusation déplacée et une défense tiède
Dès le début, Sandrine Rousseau affiche une prise de position ambivalente. Elle affirme trouver « inacceptable » que Boualem Sansal risque la prison pour ses écrits, mais enchaîne aussitôt en accusant l’écrivain d’être coupable d’une « forme de suprémacisme ». Sans fournir d’exemple précis ni de contexte, elle associe la victime d’une répression à un grief moral flou, jetant un doute inutile et malvenu sur son intégrité. Cette phrase, anodine en apparence, est en réalité lourde de sous-entendus et sert un objectif : nourrir sa réputation de polémiste. En déplaçant l’attention sur des jugements personnels, Sandrine Rousseau s’éloigne de l’enjeu central, l’injustice flagrante dont est victime l’écrivain en Algérie.
Cette méthode est discutable : au lieu de s’unir sans condition contre la persécution de l’écrivain par un régime autoritaire, Rousseau choisit de jeter de l’huile sur le feu. En insinuant que Sansal est, d’une certaine manière, responsable de son sort, elle joue un jeu dangereux. « Je voudrais aussi poser que les propos et les positions tenus sont des propos relevant de l’extrême droite », affirme-t-elle. La députée préfère ainsi s’attarder sur un jugement de valeur hors de propos, une ambiguïté qui fragilise son propos.
Indignation générale : quand trop, c’est trop
Les réactions n’ont pas tardé à fuser, et elles sont à la hauteur du malaise qu’ont suscité les propos de Sandrine Rousseau. « Incompréhensible », « déplacé », « indigne » : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire l’attitude de la députée. Plutôt que de fédérer autour de la cause de Boualem Sansal, cette intervention divise et scandalise.
Le fameux “oui mais” de tout ceux qui justifient implicitement le terrorisme,les islamistes qui tuent pour des caricatures,ou décapitent des professeurs.
Vous ne me faites définitivement plus rire @sandrousseau vous me faites 🤮🤢 https://t.co/0BnsX9xw80— 🇫🇷Ars Gallica 🇨🇵🇮🇱 (@watcher1975xxx) December 11, 2024
Ces propos ambigus ont notamment suscité une réponse cinglante de Richard Malka, avocat et ardent défenseur des droits fondamentaux, dans les colonnes de Marianne : « Je connais Boualem Sansal, grand écrivain, d’un rare courage, véritable combattant contre l’islamisme. Et c’est précisément cela qu’on lui reproche. Y compris en France, où certains pseudo-intellectuels, dans un mépris insupportable, disent qu’il faut le défendre… mais ajoutent un oui, mais. ».
Fustigeant cette attitude, il ajoute : « Ce ’’mais’’ est misérable et odieux. Boualem Sansal est victime d’un régime obscurantiste et corrompu jusqu’à la moelle, qui n’hésite pas à emprisonner un écrivain sans motif, sans procès, sans durée. La mobilisation n’est pas à la hauteur (…). ». Avant de conclure avec force, en ciblant le manque de clarté de certaines figures politiques : « Je déplore le silence de certains acteurs politiques, notamment à gauche, où certains se montrent si prompts à parler de liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’abroger le délit d’apologie du terrorisme. » Des mots lourds de sens qui soulignent l’urgente nécessité de soutenir Boualem Sansal, sans réserve ni ambiguïté.
Une leçon à retenir ?
Si l’objectif de Sandrine Rousseau était de défendre la liberté d’expression, la méthode employée semble contre-productive. Au lieu de dénoncer la répression algérienne, elle détourne l’attention sur des considérations périphériques, affaiblissant, par là-même, la portée de son message. Le véritable enjeu – l’injustice criante dont est victime Sansal – s’efface derrière ses propos personnels et inutiles. Enfin, comme le dit si bien Richard Malka : « On doit tous être Boualem Sansal. ».
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