Société
Un an après Crépol : les jeunes du quartier de la Monnaie se disent « victimes de discriminations »
Un an après le meurtre de Thomas Perotto, le 19 novembre 2023, les jeunes de la Monnaie à Romans, figés dans leur victimisation, alimentent les stéréotypes et se plaignent de la stigmatisation dont ils sont victimes.
Un an après le meurtre tragique de Thomas Perotto, mortellement agressé lors d’un bal à Crépol, les jeunes du quartier de la Monnaie à Romans se trouvent confrontés à une réalité qu’ils qualifient de « difficile ». Le souvenir du drame, survenu à la sortie de la salle des fêtes, semble avoir exacerbé les stéréotypes. Nombre d’entre eux affirment que leur image s’est détériorée, rendant encore plus ardue la quête d’un emploi.
Au centre du quartier, un groupe de jeunes s’est rassemblé sur la place du marché, leurs voitures disposées autour d’eux, comme pour marquer leur territoire. Walid, 27 ans, exprime sa frustration au journal Peuple Libre : « On est tous mis dans le même sac ». Les difficultés à trouver un emploi se sont intensifiées depuis le drame de Crépol. « Moi, j’ai démissionné de l’usine. Je n’en pouvais plus d’entendre parler de la Monnaie. Même en ville, on nous regarde bizarrement, par des gens qu’on connaît », confie Amir, 22 ans, diplômé en menuiserie sans emploi. La Monnaie porte désormais une étiquette de violence, une réputation que l’atrocité de Crépol rend difficile à contester.
Colère et culot : la jeunesse de la Monnaie face aux discriminations
Cette stigmatisation ne se limiterait vraisemblablement pas aux seules difficultés économiques. « S’ils viennent nous attaquer, on va se défendre », déclare un autre jeune, exprimant sa colère. « On est nés ici. Pourquoi tout le quartier est-il responsable ? » demande Walid, visiblement affecté par la manière dont les médias et l’opinion publique ont assimilé toute la population de la Monnaie au crime.
Le groupe de jeunes tente de relativiser l’inacceptable : « C’était une bagarre qui a mal tourné », avance Amir, expliquant que des individus sous l’effet de la drogue sont responsables de l’agression. « Personne ne veut que ça arrive. C’est horrible, mais ça arrive partout. ». Leur déresponsabilisation reste déroutante et leur discours difficilement défendable.
La peur et la division croissantes
La peur s’installe alors. Un employé d’un commerce local révèle que la baisse du chiffre d’affaires, particulièrement perceptible depuis le drame, est alimentée par une crainte grandissante du quartier. « Les gens de passage évitent », déplore-t-il.
Les tragédies récentes, à l’instar de l’assassinat de Thomas et celui de Nicolas Dumas, un jeune joueur de rugby tué 1 an après l’agression de Crépol, témoignent de cette véhémence endémique qui suit son cours. Pendant que les familles des victimes pleurent leurs enfants, la justice semble s’enliser, incapable de rendre une réponse satisfaisante. L’interdiction des manifestations en hommage à Thomas et Nicolas est perçue comme une trahison par leurs proches, qui se sentent privés de leur droit à la commémoration collective. « Nous ne sommes pas racistes, on aide tout le monde, peu importe d’où il vient », souligne pourtant Amir, exprimant son « incompréhension » face à l’étiquetage systématique du quartier.
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