Société
Finistère : un citoyen met fin à un trafic de drogue en intervenant lui-même

À Carhaix (Finistère), un habitant, las de voir son quartier se transformer en point de deal à ciel ouvert, a décidé qu’il était temps d’agir. Ce citoyen, loin de se contenter d’observer en silence, a stoppé une vente en cours et s’est rendu directement à la gendarmerie, avec en poche « 2 grammes de cannabis » saisis lors de l’altercation. Il a ensuite identifié l’individu soupçonné d’être le chef du réseau en examinant une planche photographique, comme le rapporte Actu.fr.
Cette initiative peu commune a ouvert la voie à une enquête qui a rapidement conduit à l’arrestation d’un jeune homme de 27 ans, originaire de Nanterre, suspecté d’être à la tête de ce trafic local. Ce vendredi 14 mars, la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Rennes a coupé court à ses espoirs de liberté, estimant que son maintien en détention était plus que justifié en attendant son procès.
La double peine pour le trafiquant : dénoncé par un citoyen et ses propres employés
Ce qui aurait pu rester un simple fait-divers a rapidement pris une ampleur judiciaire. Car en plus de l’intervention musclée de ce riverain, d’autres témoins ont involontairement apporté de l’eau au moulin de l’accusation.
Quelques jours plus tard, une éducatrice spécialisée a, elle aussi, découvert des éléments troublants. Chargée du suivi d’un jeune vulnérable, elle s’est rendue par hasard à l’adresse du trafic, au 33, rue Charles-de-Gaulle. Ne trouvant pas son protégé, elle a pénétré dans l’appartement et est tombée sur deux individus. L’un d’eux s’est brusquement enfui en trottinette. La professionnelle a découvert « des stupéfiants, du liquide, un bang et une balance de précision », éléments qui ont renforcé les soupçons des autorités.
Ajoutons à cela un témoin clé : l’un des revendeurs lui-même, a joyeusement dénoncé son patron, expliquant que ce dernier « coupait les stupéfiants pendant que les autres jouaient aux jeux vidéo ». Le locataire de l’appartement où se déroulaient les transactions a également expliqué qu’il achetait du cannabis à cet homme et qu’il avait subi « des pressions » pour convoyer entre « un demi-kilo et un kilo à Paris ». L’enquête a révélé que le trafiquant présumé recrutait des jeunes vulnérables pour écouler la marchandise, leur versant « 120 euros par jour ».
Un dossier « modeste », vraiment ?
Face aux accusations, le mis en cause a rejeté l’idée d’être le cerveau du réseau. En garde à vue, il a tenté de minimiser son implication, expliquant avoir « vendu un peu à des amis pour financer sa consommation » et « fourni des contacts en région parisienne » pour se procurer des stupéfiants. Pourtant, la perquisition menée à son domicile a révélé des éléments compromettants : « quelques grammes » de cannabis, des sachets de conditionnement, des PCS Cards d’une valeur de 100 euros et 280 euros en liquide, alors qu’il « n’avait aucune ressource déclarée ». Une situation financière pour le moins intrigante, surtout lorsque l’on sait « que les allocations ne vous permettent même pas de payer le loyer », lui a rappelé le rapporteur de la Chambre de l’instruction.
En détention à la maison d’arrêt de Brest, il a écrit « un long courrier au juge d’instruction » dans lequel il assure être une « petite main » dans ce trafic et non un chef de réseau. Son avocat, Me Pierre-Hector Rustique, a tenté de relativiser l’ampleur de l’affaire : « D’évidence, c’est un petit dossier, on vous parle de grammes de cannabis et de centaines d’euros saisis à droite à gauche. On n’est pas sur un cartel. ».
L’avocat du prévenu a également tenté un dernier argument : pourquoi ne pas simplement l’expédier en région parisienne, auprès de sa famille, et lui interdire de remettre un pied à Carhaix ? « Le prévenu pouvait donc tout à fait retourner en région parisienne où vivent sa mère et sa sœur et être interdit de Carhaix ou du Finistère jusqu’à la fin de l’instruction », a-t-il plaidé.
Son client, lui, a joué la carte de la détresse carcérale : « Je passe vingt-deux heures par jour dans une cellule à ne rien faire et je dors sur un matelas au sol. ». Un argument qui, visiblement, n’a pas suscité d’élan de compassion.
L’avocate générale a insisté sur le contexte de cette affaire, rappelant qu’« elle démarre par la mobilisation des citoyens exaspérés de voir ce trafic » et que « le recrutement qu’il opère pose problème, car il vise des majeurs particulièrement fragiles sous protection judiciaire et dépendants aux drogues. ». Avec 11 mentions au casier judiciaire, dont plusieurs pour stupéfiants et violences, le suspect restera donc en détention.

1 commentaire
vert10
Dechéance de la nationalité française pour les binationaux délinquants. Et les autres 10 a 30 ans de taule. Comme dans les pays asiatiques
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