C8 tente un dernier recours pour sauver la chaîne

C’est une lutte qui dépasse les simples enjeux télévisuels. Avec 400 emplois en jeu et des millions de téléspectateurs fidèles, la disparition annoncée de C8 de la télévision numérique terrestre (TNT) déchaine les passions.

Une mobilisation populaire massive pour C8

Depuis une semaine, C8 fait feu de tout bois pour sauver sa fréquence. Une pétition lancée par le groupe Canal+ a déjà récolté plus de 600 000 signatures, un chiffre qui témoigne de l’attachement du public à cette chaîne critiquée par ses concurrents mais incontestablement populaire.

Ne laissez pas éteindre votre chaîne C8 !
Signez la pétition : https://t.co/HcbdR0pJyE#JesoutiensC8 pic.twitter.com/pORCRtl3gz

— C8 #JeSoutiensC8 (@C8TV) November 8, 2024

Avec ses 9 millions de téléspectateurs quotidiens, C8 défend sa place de choix au sein des cœurs et des foyers français. Les figures emblématiques du groupe Canal+ le rappellent souvent, à l’instar de Pascal Praud : « Il ne faut jamais mépriser le public. »

Pourtant, l’Arcom a décidé en juillet dernier de ne pas renouveler la fréquence de C8. L’autorité de régulation lui préfère deux nouveaux projets, OFTV et RéelsTV, jugés plus conformes à « l’impératif prioritaire de pluralisme ».

Le recours de la dernière chance

L’audience d’aujourd’hui devant le Conseil d’État offre une dernière chance à C8 d’annuler le non-renouvellement de sa fréquence. Il s’agit de l’audience sur le fond, puisque tous les recours en référé ont été rejetés.

Si l’Arcom invoque les nombreuses amendes infligées à la chaîne pour sanctionner les débordements de son animateur vedette – cumulant 7,6 millions d’euros ces dernières années – Canal+ invoque la disproportion de ces sanctions pour se défendre.

Pour cause, l’avenir de la chaîne ne concerne pas seulement l’avenir professionnel de Cyril Hanouna. 400 autres emplois sont en jeu. Pour Canal+, il s’agit d’une question de survie économique et sociale, un argument également soulevé par NRJ 12, autre chaîne évincée de la TNT. « Une chaîne qui existe depuis près de 20 ans, c’est une part du patrimoine audiovisuel qu’on efface », dénonce un porte-parole du groupe.

Cyril Hanouna n’est pas le seul employé de C8

Cyril Hanouna, fidèle à son style imprévisible, a déjà annoncé qu’il se préparait à toutes les éventualités. Si C8 venait à disparaître de la TNT, l’animateur compte miser sur une offre multimédia ambitieuse : une plateforme numérique et un magazine papier, tout en restant au sein du groupe Canal+. « L’essentiel, c’est de continuer à parler aux gens, où qu’ils soient », a-t-il déclaré fin octobre.

Mais ce scénario reste une solution de repli. La TNT demeure un moyen plus facile d’accès, notamment pour 20 % de foyers français. La perte de sa fréquence signerait une perte de visibilité majeure pour C8 et poserait des questions sur le devenir de la télévision gratuite.

« Le soupçon d’une décision politique plane sur la décision de l’Arcom »

« Le soupçon d’une décision politique plane sur la décision de l’Arcom », avait également dénoncé Pascal Praud à son antenne. Il est vrai que beaucoup de voix de gauche se sont élevées contre la réattribution des fréquences. Le député LFI Aurélien Saintoul a par exemple ouvertement regretté le maintien de CNews, chaîne sœur de C8, qu’il accuse de diffuser des idées proches de l’extrême droite.

Alors que les débats s’enveniment, le Conseil d’État a désormais la lourde tâche de trancher. Sa décision, attendue dans les semaines à venir, pourrait redéfinir l’avenir de la TNT et, au-delà, la place de certaines chaînes dans l’espace public. Pour C8, le compte à rebours est lancé.

A lire aussi : Rachida Dati et Carlos Ghosn accusés de corruption par le Parquet national financier