Politique
Le Sénat dit non à l’interdiction de la corrida pour les mineurs
Ce jeudi 14 novembre, le Sénat a rejeté une proposition de loi visant à interdire la corrida et les combats de coq en présence de mineurs de moins de 16 ans. Bien que cosigné par une quarantaine d’élus, ce texte n’a pas trouvé grâce aux yeux de la majorité sénatoriale, qui a préféré maintenir les traditions et coutumes locales.
Portée par Samantha Cazebonne et Arnaud Bazin (groupe RDPI), la proposition de loi affichait comme objectif de « préserver les mineurs de l’exposition à la violence ». Elle n’entendait pas remettre en cause les coutumes locales mais instaurer une limite : celle de protéger les mineurs de spectacles jugés potentiellement traumatisants.
Un prétexte pour interdire la corrida ?
Pour ses opposants, toutefois, l’intention réelle était autre. Ils estiment que l’argument de la protection de l’enfance sert non pas à interdire l’accès des mineurs à la corrida, mais à interdire la corrida en présence de mineurs. En effet, « il suffirait de faire entrer un mineur dans une arène pour qu’une infraction pénale soit constituée », dénonce le sénateur Max Brisson (LR).
‼️ La Proposition de loi visant à interdire aux mineurs de moins de 16 ans l’accès aux corridas a été rejetée par le Sénat !
🔍 Cette PPL, qui bafouait les libertés locales, prévoyait de faire porter l’infraction pénale non pas sur les mineurs ou leurs parents, mais sur les… pic.twitter.com/6f5HNQV9nx
— Max Brisson (@max_brisson) November 14, 2024
Et les peines envisagées sont pour le moins dissuasives – jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. Le sénateur LR considère donc qu’il s’agit d’un moyen détourné pour interdire la corrida et sanctionner les organisateurs, sans qu’il y ait de preuve tangible de traumatismes chez les jeunes spectateurs.
Par ailleurs, pour l’Union des Villes Taurines Françaises (UVTF), « le droit des familles et l’autorité parentale » seraient compromis par cette législation. Les défenseurs de la corrida soutiennent que l’État ne devrait pas s’immiscer dans la liberté des parents à décider ce qui est culturellement ou moralement approprié pour leurs enfants. « Seuls les parents ont le droit d’inclure ou non la culture taurine dans l’éducation de leurs enfants », rappelle l’association dans un communiqué.
« 80 % des Français soutiennent cette proposition de loi »
Malgré ce revers, la sénatrice Cazebonne ne baisse pas les bras. Elle affirme que 80 % des Français soutiennent cette proposition de loi. Un sondage de l’IFOP, réalisé en amont de l’examen du texte, révèle en effet que 80 % des habitants des régions taurines et 86 % des résidents des autres régions se prononcent en faveur de l’interdiction des corridas et des combats de coqs pour les moins de 16 ans.
La sénatrice souligne aussi le soutien du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, qui veille à l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant et, depuis 2016, demande à la France d’exclure les mineurs de la pratique de la tauromachie. « Nous souhaitons protéger nos enfants de la même manière partout sur le territoire national », affirme-t-elle, insistant sur la nécessité d’une harmonisation des règles de protection de l’enfance en France.
L’encadrement de la corrida rejetée une seconde fois par le Parlement
Pourtant, cette décision du Sénat, largement saluée par les défenseurs de la corrida, confirme le rejet, déjà acté en 2022, de la proposition d’Aymeric Caron. Le député LFI avait également proposé d’interdire cette pratique. Cette décision sénatoriale réaffirme la position des institutions françaises en faveur du maintien de l’exception culturelle dans les régions où la corrida reste un héritage profondément enraciné.
L’Union des Villes Taurines Françaises a d’ailleurs remercié les sénateurs d’avoir « conforté les droits de la communauté culturelle taurine ».
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