Société
Karim Zéribi : Boualem Sansal fait le « fonds de commerce de l’extrême droite »
L’ancien eurodéputé EELV estime que ceux qui s’indignent contre l’arrestation de l’écrivain franco-algérien sont le « fonds de commerce l’extrême droite », et qu’il faut plutôt que les « gens de paix » s’unissent contre lui alors qu’il croupit, peut-être pour toujours, dans une prison algérienne.
Après l’émission C Politique du 24 novembre, hébergée par le service public (France 5), où le docteur en sciences politiques Nedjib Sidi Moussa estimait que les « militants des droits de l’homme, militants anti-racistes et intellectuels du milieu culturel parisien » qui soutenaient la libération de Sansal étaient « aveugles ou complices », et où l’historien Benjamin Stora déclarait que les positions de l’écrivain franco-algérien avaient pu « blesser le sentiment national » algérien, c’est au tour de Karim Zéribi, ancien eurodéputé EELV, de s’indigner, cette fois-ci sur BeurFM, contre ceux qui n’acceptent pas le traitement réservé à l’écrivain, critique de l’Islam et du régime algérien.
En dessous de sa vidéo, les commentaires (qui n’engagent qu’eux) sont éloquents : « Qui sème les maux récolte le cachot… », « Sansal est juste un instrument de l’ingénierie sociale pour créer des tensions en France », et autres acclamations de Monsieur Zéribi.
On rappelle que Boualem Sansal, arrêté le 16 novembre à l’aéroport d’Alger, risque la prison à perpétuité en Algérie au motif de porter « atteinte à la sécurité de l’État ou à l’intégrité du territoire », simplement pour avoir critiqué le régime et la religion islamique.
« Moi cette instrumentalisation, j’en ai assez »
Mais Zéribi s’en fiche : « Moi cette instrumentalisation, j’en ai assez », car « aujourd’hui Boualem Sansal il alimente un fond de commerce qui est celui de l’extrême droite et d’une partie des pseudos intellectuels réactionnaires ». Et tant pis pour la liberté d’opinion (Sansal est FRANCO-Algérien), pour la détention d’un écrivain Français en Algérie (Sansal est FRANCO-Algérien).
Oui, car « C’est lui qui dit que l’Islam est une religion qui ne traite pas les hommes et les femmes de la même manière ! » Même si là n’est pas la question, puisqu’on emprisonne pas un opposant politique en France, un simple détour en pays musulman, ou par la jurisprudence islamique et le consensus des savants de l’Islam sunnite (les autres grands courants de l’Islam sont loin d’atténuer le constat) sur le statut de la femme devrait pourtant suffire à Karim Zéribi pour nuancer son indignation, et s’il n’a pas le temps, il peut faire un tour par internet et ses prêcheurs. Mais encore une fois, là n’est pas le débat.
« Les sujets qui bafouent les règles de droit en France, qui n’aiment pas la France… »
Alors certes ; « Je ne lui souhaite pas 15 ou 20 ans de prison, mais […] Je dis que l’Algérie devrait lui interdire de rentrer sur son sol parce qu’il insulte ce pays, et peut-être le déchoir de sa nationalité ». Donc, s’indigner d’une arrestation sommaire, et d’un risque de prison à perpétuité, toujours pas ?
Il ose le parallèle : « Les sujets qui bafouent les règles de droit en France, qui n’aiment pas la France… On a ces débats-là. Pourquoi pas pour l’Algérie ? » Monsieur Zéribi a, c’est certain, un grand talent pour détourner le sujet : on imagine difficilement le budget carcéral français si tous les sujets Français qui n’aiment pas la France et la critiquent étaient effectivement écroués comme l’a été Boualem Sansal.
« Pseudo-écrivains islamophobes qui propagent la haine »
Il conclue : « La France et l’Algérie ont une relation inéluctable ; il faut créer un pont, là où certains veulent élever des murs […] Il faut que les gens de paix, les gens positifs, les gens qui veulent se respecter s’unissent et mettent à mal ces Boualem Sansal, pseudos-écrivains islamophobes qui propagent la haine. » Il a très certainement mal compris, mais le gouvernement algérien approuve.-
A lire aussi : Frontières – Les étrangers expulsés pourront revenir en Europe, confirme la CEDH
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