Société
L’ancien responsable photo du journal Libération cité dans une affaire pour agression sexuelle sur mineurs
Parmi les trois plaignants de l’affaire d’agression sexuelle par le photographe Bernard Faucon dans les années 1980, l’un d’entre eux porte également plainte contre Christian Caujolle, ancien responsable photo du journal Libération, pour agression lorsqu’il était mineur.
Trois plaignants, trois accusés : 1980 Alors qu’ils avaient 16, 11 et 15 ans à l’époque des faits, tous accusent en mars dernier le photographe Bernard Faucon d’agressions sexuelles dans les années 1980, comme le dévoile le magazine du journal Le Monde. Mais deux de ses « proches amis » sont aussi accusés, l’un comme complice, et l’autre, Christian Caujolle, alors responsable photo pour Libération, comme agresseur.
« A moi, comme à d’autres, il offrait la “carotte” d’une publication dans Libération pour nous mettre dans son lit »
Décrit comme « l’un des plus proches amis du photographe », Christian Caujolle, fondateur de l’agence VU et ancien responsable de la photo chez Libération. Ferjeux van der Stigghel, le plaignant, déclare que caujolle aurait « tenté de coucher avec [moi] alors que [je] dormai[s] » : il était mineur à l’époque. « ça lui a valu [m]on poing dans la gueule ». La conseillère de Caujolle réfute toute accusation.
La méthode ? Très simple : « A moi, comme à d’autres, il offrait la “carotte” d’une publication dans Libération pour nous mettre dans son lit ». Et peu importe l’âge.
Pour le moment, seul van der Stigghel s’est exprimé sur Caujolle. Il n’en demeur pas moins que l’élève et collaborateur de Michel Foucauld, Barthes ou encore Bourdieu, était l’un des plus proches amis de Bernard Faucon, objet principal des accusations, et dont l’une des admiratrices, Agathe Gaillard, dit encore aujourd’hui à 83 ans : « La pédophilie ? Pour lui, c’est juste une de ses particularités, comme son accent du Midi. Il l’a sublimée, l’a rendu belle, enviable, digne de nos beaux souvenirs d’enfance. »
« Il essayait de me sodomiser »
Dans le cas de Faucon, les témoignages se cumulent : « on s’isolait dans son cabanon, il me mettait dans un lit à poil, et c’étaient des caresses. Il essayait de me sodomiser et moi je ne voulais pas, donc il se permettait de se frotter contre moi et il éjaculait. »
Ce récit est déjà celui de trois plaignant, longtemps après les faits, mais il pourrait être celui de nombreux autres. « Il ne se cachait pas du tout, il était tout le temps accompagné d’un enfant, et il en changeait très souvent, décrit Olivier. Tout le monde savait, et comme l’époque le tolérait plus ou moins, la plupart des gens n’y voyaient pas de mal », lit-on dans l’article, qui continue ainsi, les victimes décrivant la manipulation dont ils sont l’objet, ainsi que la route éprouvante pour tenter de se reconstruire jusqu’à aujourd’hui.
« L’œuvre de Bernard Faucon, charnelle et spirituelle » comme les années 80.
1976, les années 80 : les agressions citées rappellent le communiqué de 1977, publié dans Le Monde, où 80 intellectuels français militaient pour la dépénalisation des rapports sexuels sur mineurs. En 1982, Daniel Cohn Bendit décrivait ses « jeux érotico-maniaques » avec des enfants de 4 ans sur le plateau d’Apostrophes. Mais c’est aujourd’hui seulement que les victimes de Bernard Faucon trouvent le courage, ensemble, de parler de leur traumatisme respectif, quarante ans après.
Aujourd’hui encore, on trouve facilement de nombreux articles relatant le génie du photographe, comme celui-ci de la Depêche en 2012, intitulée « L’œuvre de Bernard Faucon, charnelle et spirituelle », où le collectionneur Freddy Denaës décrit ses tirages comme « ‘plein d’émotions, de sensations, de désirs’, même quand les corps ont quitté le cadre (série ‘Les chambres d’amour’, sa préférée). »
Difficile de les regarder de la même manière lorsqu’on comprend que des centaines de clichés de la série « Chambres d’amour », de 1981 à 1987, sont ceux de jeunes garçons dénudés, issus de la colonie gérée par ses parents sur les lieux présumés du crime, et avec lesquels Bernard Faucon passait tout son temps. Les « œuvres » en tout cas, ont eu le temps de se vendre, avec la complicité des amis médiatiques comme le responsable photo de Libé, admirateur de l’homme et consommateur présumé à ses heures.
A lire aussi : Frontières – Tom Dubois, militant et ex-candidat LFI, soupçonné de corruption de mineurs de moins de 15 ans
Aucun commentaire
Loading