Politique
Mayotte : pourquoi acheminer des secours et des vivres vers l’archipel est-il si difficile ?
Le cyclone Chido a emporté Mayotte dans une crise humanitaire grave, isolant l’île et entravant l’acheminement des secours essentiels. Les infrastructures gravement endommagées compliquent les efforts pour fournir vivres, matériel et renforts à cet archipel français de l’océan Indien.
Le cyclone Chido a plongé Mayotte dans une crise grave. Isolée et dévastée, l’île peine à recevoir des secours essentiels. Les infrastructures, détruites ou gravement endommagées, compliquent l’acheminement des vivres et du matériel de secours vers l’archipel français de l’océan Indien.
Deux jours après le passage du cyclone Chido, l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi reste paralysé. « La tour de contrôle est particulièrement endommagée », confirme Martin Meyrier, président de l’aéroport. Les vols commerciaux sont annulés pour une durée indéterminée. Seuls les avions militaires, de petite taille comme les Casa, peuvent se poser. Mais la capacité reste extrêmement limitée : trente places par appareil tout au plus.
Les communications, elles aussi, sont presque hors service. Les coordonnées avec les équipes sur place ne passent que par téléphones satellitaires ou via le réseau Starlink. « On fonctionne en mode dégradé », concède Meyrier.
Un pont aérien depuis La Réunion : 1 400 km d’éloignement
La seule solution pour l’instant consiste à acheminer les renforts depuis La Réunion. « L’île de La Réunion va servir de hub », précisait dimanche le préfet Patrice Latron. Chaque jour, un A400M militaire décolle de métropole en direction de La Réunion, avant que les secours ne soient relayés à Mayotte. Mais l’éloignement complique l’effort : trois heures de vol séparent les deux territoires français, distants de plus de 1 400 km. Les premiers convois transportent des générateurs et des rations de survie, mais leur quantité reste insuffisante face à l’ampleur des besoins.
Avec trois ports principaux à Mayotte – Dzaoudzi, Longoni et Mamoudzou –, la voie maritime pourrait offrir une alternative. Mais les rafales de vent, atteignant 220 km/h, ont balayé de nombreux bateaux. Samedi soir, des creux de 7 mètres rendaient la navigation impossible.
La frégate Floréal a finalement pu approcher lundi, avec un hélicoptère à son bord. Elle sera rejointe par le Champlain, bâtiment de soutien parti de La Réunion avec 180 tonnes de fret, incluant vivres, eau potable et matériel de première urgence. Mais il faudra encore deux à trois jours de navigation pour arriver à bon port.
Sur place, l’état des routes complique encore la distribution des secours. Des arbres arrachés et les risques d’éboulements bloquent les principaux axes. Les sapeurs-pompiers de La Réunion, déployés en reconnaissance, tentent de dégager les voies prioritaires. « C’est un travail de longue haleine », reconnaît le colonel Guillaume Vernet, porte-parole des armées.
Des réseaux de communication hors service
« Tout est coupé », alerte Ousseni Balahachi : « téléphones, internet, WhatsApp… On n’a pas de nouvelles des habitants. » Orange, principal opérateur télécom, dénombre 51 antennes hors service sur 54. Le rétablissement des réseaux dépend de l’électricité, encore largement coupée. « Rétablir le courant est une priorité absolue », insiste Guillaume Vernet.
De nombreux habitants restent injoignables. Martin Meyrier, président de l’aéroport, s’inquiète : « Nous n’avons toujours pas de nouvelles d’une cinquantaine de collaborateurs. » Si ceux contactés sont en vie, beaucoup se retrouvent sans toit. « C’est une catastrophe humanitaire », souffle-t-il. Avec des aéroports détruits, des ports endommagés, des routes impraticables et des réseaux détruits, l’aide humanitaire peine à parvenir jusqu’aux habitants de Mayotte.
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