Politique
« Le rassemblement se construit patiemment », François Bayrou poursuit ses consultations ce mardi
François Bayrou poursuit ses consultations pour rassembler une majorité avec un horizon politique fragmenté, entre écologistes, communistes et droite ébranlée. Face à un défi économique et humanitaire, son premier test à l’Assemblée pourrait bien définir la suite de son mandat.
François Bayrou, fraîchement installé à Matignon, poursuit ses consultations pour tenter de rassembler une majorité autour de lui. Dans un paysage politique fragmenté, le centriste navigue à vue entre écologistes, communistes, indépendants et une droite ébranlée.
Après une première série de discussions avec les socialistes, les centristes et la droite, François Bayrou reçoit ce mardi les représentants des écologistes, du MoDem, d’Horizons, ainsi que les indépendants de Liot et les communistes.
La méthode Bayrou tranche avec celle de son prédécesseur Michel Barnier, accusé d’avoir marginalisé certains groupes, notamment le Rassemblement national. Marine Le Pen, reçue la première hier matin, a salué une approche « plus positive » tout en conservant ses conditions. « On n’est pas sectaire, on juge un arbre à ses fruits », a affirmé Laure Lavalette, députée RN, ce matin sur TF1.
Bayrou : une première épreuve devant l’Assemblée nationale
Ce mardi après-midi, le Premier ministre doit affronter un premier grand test politique en se présentant seul devant les députés. Il répondra aux questions des groupes parlementaires pendant 45 minutes, un exercice où le verbe de ce tribunitien sera scruté. « Il donnera des lignes directrices à sa politique, sans se disperser », promet son allié, député de la 4e circonscription d’Eure-et-Loir, Philippe Vigier. Face à une Assemblée méfiante, le Premier ministre retrouvera un Hémicycle bien différent de celui qu’il a connu lorsqu’il siégeait comme député des Pyrénées-Atlantiques entre 2002 et 2012. Là où Barnier s’était frotté aux quolibets des Insoumis, François Bayrou, seul en poste dans un gouvernement encore à recomposer, tentera d’apaiser une arène politique en pleine effervescence.
Sur fond de consultations, l’épineuse question budgétaire plane comme une ombre. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a rappelé ce matin sur RTL les risques d’éclatement financier : « C’est une question d’intérêt national qui doit dépasser les zizanies politiques. » Selon lui, la France vit « au-dessus de ses moyens » et doit serrer la vis budgétaire. Si la loi spéciale évite pour l’instant l’arrêt des services publics au 1er janvier, elle reste insuffisante. « Trop de déficit et pas assez de crédits nouveaux », martèle-t-il. Dans ce climat tendu, Bayrou doit séduire sans lâcher du lest. Les socialistes ont déjà proposé un pacte clair : renoncer au 49.3 en échange d’une non-censure. Une offre sur laquelle le Premier ministre ne s’est pas encore prononcé.
Mayotte : l’urgence humanitaire en toile de fond
Enfin, le drame de Mayotte plane également sur cette journée parlementaire. Après le passage dévastateur du cyclone Chido, des centaines, voire des milliers de morts sont redoutés sur le territoire français le plus pauvre. La question humanitaire sera inévitablement soulevée lors des séances, plaçant le Premier ministre face à un dilemme : afficher une posture de rassembleur tout en apportant des réponses concrètes à un pays en crise.
François Bayrou joue gros dans cette première phase de son mandat. Mais le maire de Pau se montre toutefois confiant : « Le rassemblement ne se fait pas en un jour, il se construit patiemment », aime-t-il à répéter. Restera à savoir si le centriste saura transformer ces consultations en un socle suffisamment solide pour gouverner. Son discours de politique générale, attendue pour mi-janvier, en sera le premier véritable juge de paix.
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