Politique
Cyclone Chido : « Des milliards pour reconstruire », réclame le président du conseil départemental mahorais
Cinq jours après le passage du cyclone Chido, Mayotte déplore 22 morts, 1 373 blessés et des milliers de sans-abri, tandis que les secours peinent à répondre aux besoins essentiels. Entre pénuries alimentaires, hôpital saturé et tensions sécuritaires, l’archipel attend des mesures concrètes pour entamer sa reconstruction.
Le cyclone Chido, ayant dévasté Mayotte il y a cinq jours, laisse derrière lui un tableau de désolation. Arbres déracinés, habitations effondrées, débris épars dans les rues : sur Petite-Terre, le panorama est apocalyptique. « C’était comme un rouleau compresseur qui a tout pulvérisé », relate Nasrine, enseignante mahoraise. Ali Ahmidi Youssouf, un Comorien âgé de 39 ans, ajoute : « Chacun se précipite dans les commerces pour acquérir de l’eau. Nous sommes en pleine pénurie. »
Face à cette crise humanitaire, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a attesté l’ampleur dramatique de la situation : 22 décès, 1 373 blessés et des milliers de déplacés. L’unique hôpital de l’île, déjà surchargé avant l’ouragan, fonctionne désormais à seulement 50 % de ses capacités. Un hôpital de campagne est attendu en renfort.
Une aide d’urgence en cours de déploiement
Pour pallier l’urgence humanitaire, environ 120 tonnes de vivres doivent être distribuées mercredi sur les deux principales îles de Mayotte. Un navire militaire, transportant 180 tonnes de marchandises, est attendu jeudi matin. Cependant, le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, souligne que « l’urgence à Mayotte est l’eau et les denrées alimentaires ».
Cette urgence ne dissimule pas l’immense besoin de reconstruction à venir. « Il faudra déployer des moyens considérables, et ce plan se comptera en milliards », a-t-il affirmé sur franceinfo. En attendant des engagements financiers substantiels, la solidarité nationale se mobilise : Matignon a annoncé un taux de déduction fiscale de 75 % pour les dons en faveur de Mayotte jusqu’au 17 mai 2025.
Le cyclone n’a pas seulement laissé des ruines ; il a exacerbé les tensions sécuritaires. Un couvre-feu a été instauré de 22 heures à 4 heures pour prévenir les pillages. « Nous craignons des attaques. Le contexte est tendu, donc il était nécessaire de prendre cette mesure », justifie Ben Issa Ousseni.
Deux gendarmes ont été blessés durant la nuit. Le ministre de l’Intérieur appelle à une réforme de la politique migratoire à Mayotte. « C’est comme si la France avait 20 millions de clandestins », déclare Bruno Retailleau, demandant notamment la suppression du droit du sol sur l’archipel.
Archipel de Mayotte : Macron et Bayrou attendus sur place
Emmanuel Macron sera jeudi à Mayotte pour évaluer les dégâts. Le Premier ministre, François Bayrou, le suivra prochainement. Critiqué pour son absence initiale, il s’est engagé à « mobiliser l’intégralité des moyens de l’État ». À Mamoudzou, les secours s’efforcent de déblayer les décombres des bidonvilles, mais la voie vers la reconstruction s’annonce ardue.
Le Premier ministre a annoncé un appel à projets pour des logements modulaires. « Nous avons besoin de solutions immédiates, mais également de préparer Mayotte à mieux résister à ces phénomènes climatiques extrêmes », a-t-il déclaré.
Les Mahorais, éprouvés par cette catastrophe, attendent des actes concrets. « L’État est debout. La solidarité nationale prend tout son sens », assure Bruno Retailleau. Pourtant, sur le terrain, l’impatience se fait sentir. « On nous a fait beaucoup de promesses. Maintenant, on attend des actions tangibles », martèle Ben Issa Ousseni.
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