Pass Culture : un chèque-cadeau qui tourne en rond

L’intention était noble : rapprocher les jeunes de la culture, leur ouvrir de nouveaux horizons. Mais cinq ans après son lancement, le Pass Culture, dispositif-phare du gouvernement, subit un sérieux désaveu. Dans un rapport accablant, la Cour des comptes dénonce une gestion défaillante, des usages dévoyés et un écart croissant entre ambition initiale et réalité des chiffres. Quand la « culture » se dilue dans la consommation, la question s’impose : à quoi sert véritablement ce Pass ?

Des usages dominés par les biens culturels populaires

Promouvoir la culture, oui. Mais laquelle ? Lancé en grande pompe en 2019, le Pass Culture, doté de 300 euros pour chaque jeune de 18 ans, portait une promesse forte : démocratiser l’accès à des œuvres souvent considérées comme élitistes. L’objectif était clair : théâtre, musées, cinéma d’auteur, littérature, musique classique – tout ce qui élève, éduque et ouvre les esprits.

Mais la réalité contredit les intentions. Comme le rapporte Le Monde, les livres dominent les usages du Pass Culture, représentant 67 % des réservations. Pourtant, ils ne pèsent que 46 % des montants dépensés. Ce décalage s’explique simplement : si les jeunes achètent massivement des livres, leur prix moyen reste faible par rapport à d’autres offres culturelles comme le cinéma ou la musique. 

En clair, les bénéficiaires multiplient les achats de petits montants, concentrant leur consommation sur des biens accessibles, mais limitant par là même l’impact global du dispositif sur la diversité culturelle. Cette préférence pour des produits bon marché souligne à la fois l’attrait des livres – en particulier les mangas, très populaires – et l’absence de véritable incitation à expl