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Législatives : le Front populaire, NUPES sans Mélenchon

Après la dissolution de l’Assemblée nationale, la gauche est parvenue à un accord électoral nommé Front Populaire.

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Législatives : le Front populaire, NUPES sans Mélenchon

C’est François Ruffin qui a lancé l’appel. Dans un élan de fantasme antifasciste, la gauche s’est réunie quelques heures après l’annonce d’Emmanuel Macron pour entamer les négociations dans l’objectif de constituer une seconde NUPES nommée « Front Populaire », en référence à la coalition portée par Léon Blum en 1936 qui obtint un raz-de-marée électoral pour se vendre quatre ans plus tard au régime nazi.

Le Front populaire : socialiste ou insoumis ?

Très rapidement, les négociations ont commencé à gauche entre les dirigeants. Le Parti Communiste de Fabien Roussel, Les Écologistes de Marine Tondelier, La France Insoumise emmenée par François Ruffin, le PS d’Olivier Faure et de Raphaël Glucksmann se sont donc mis à table pour discuter d’un accord sur des valeurs communes et sur la répartition des circonscriptions. Ils sont depuis été rejoint par le NPA de Philippe Poutou, parti d’extrême gauche, et par de nombreux micro-partis.

Sur les circonscriptions, la NUPES avait été particulièrement généreux envers La France Insoumise eu égard au score de Jean-Luc Mélenchon en 2022, emportant 350 investitures sur 577. Or, la situation est loin d’être la même que lors de la constitution de la NUPES. En 2022, le Parti Socialiste venait de faire 1,7 % et LFI 22 %. Aux européennes, Glucksmann a emporté 14 % et LFI 10 %. Le rapport de force est donc particulièrement différent.

Si la plupart des partis sont à peu près alignés sur les valeurs et leur poids politique, demeure pour l’instant l’énigme Glucksmann. Cette fois, des dirigeants de gauche anti-NUPES comme Carole Delga soutiennent le Front Populaire, mais Raphaël Glucksmann avait justement basé sa stratégie électorale sur l’idée de rallier à lui les Insoumis anti-Macron et les macronistes anti-LFI. Si sur l’ensemble de l’échiquier politique, Raphaël Glucksmann a un poids politique plus important que la France Insoumise, ce n’est pas le cas à l’intérieur de la gauche où il est souvent vu comme un centriste par la meute militante. Glucksmann ne veut pas non plus apparaître en diviseur de la gauche. S’il quitte le Front Populaire, c’est sur lui que retomberait le potentiel échec de la mouvance aux législatives.

Tout est plus simple sans Mélenchon

Mais alors, comment tous ces partis qui conspuaient jusque-là LFI sont-ils parvenus à se réunir autour de la même table ? On peut y retrouver plusieurs facteurs : d’abord la volonté d’une sorte de Front antifasciste contre le RN ; ensuite une forte mobilisation syndicale et populaire en ce sens avec plus de 400 000 signatures revendiquées ; et pour finir, l’absence du très-clivant Jean-Luc Mélenchon particulièrement en retrait depuis plusieurs jours.

Alors, que donnerait cet accord en termes de résultats ?

Selon les sondages disponibles, la gauche unie pourrait emporter 25 % des suffrages et arriver en tête dans plus de 250 circonscriptions contre 313 pour le RN au premier tour le 30 juin.

Au mercredi 12 juin, le Front Populaire avait trouvé un accord électoral avec 229 investitures pour LFI, 175 pour le Parti Socialiste, 92 pour les Écologistes et 50 pour le PCF.

En 2022, les duels entre le RN et LFI tournaient largement à l’avantage du RN avec 70 % de victoires. Les sondages, encore à prendre avec précaution, prédisent pour le moment 130 sièges pour la gauche et 250 pour le Rassemblement National. En l’occurrence, la configuration d’une alliance des gauches pourrait bien avantager le RN, obligeant les électeurs Renaissance à choisir entre deux sensibilités aussi éloignées, là où une opposition à un macroniste aurait pu être plus ardue à emporter.

Le jeudi 13 juin, les négociations ont été bloquées. L’union aurait été, selon plusieurs sources, « au bord de l’implosion ». Trois sujets majeurs étaient en cause : la manière de parler du Hamas et de l’antisémitisme, la candidature d’Adrien Quatennens et le poids du PS dans la répartition des circonscriptions.

Finalement, l’union s’est réalisée dans la liesse de la gauche le jeudi au soir. La question de l’investiture d’Adrien Quatennens, comme celle de qui serait Premier ministre, n’a pas encore été tranchée pour le moment.

 

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