Société
La congrégation des pères de Bétharram reconnaît sa responsabilité dans les abus sexuels

Ce mardi 4 février, la congrégation religieuse des pères de Bétharram a pris la parole pour la première fois dans l'affaire qui secoue depuis des années le collège-lycée de Notre-Dame-de-Bétharram, au cœur des Pyrénées-Atlantiques. Cette déclaration tant attendue par les victimes de violences sexuelles et de maltraitances physiques a marqué un tournant dans cette affaire de grande ampleur. Le prêtre Laurent Bacho, s'exprimant au nom de la congrégation, a reconnu la responsabilité » des religieux dans « les souffrances de ces enfants » qu’il a qualifiées d’ « anéanties ».
Les victimes, qui dénonçaient depuis longtemps un « mutisme » total des responsables religieux face aux accusations, espéraient enfin une reconnaissance de leur calvaire. « Nous sommes responsables », a affirmé Laurent Bacho, exprimant le poids de la souffrance qu'ont endurée les élèves pendant des décennies. Cette prise de position est un premier pas vers la réparation, mais aussi un geste qui répond à la colère et à l'incompréhension des anciens élèves de l'établissement.
Vers une réparation élargie et une enquête indépendante
En réponse aux demandes des victimes, la congrégation a annoncé la mise en place d'un nouveau fonds d'indemnisation destiné à couvrir les abus sexuels commis par des laïcs. Jusqu’à présent, seules les violences perpétrées par des religieux étaient prises en charge par la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR), lancée par l'Église en 2021. Ce nouveau dispositif sera financé par la vente de biens immobiliers appartenant à la congrégation, notamment dans la commune de Lestelle-Bétharram.
Parallèlement à cet engagement financier, un projet de commission d’enquête indépendante a été lancé. Son objectif est d’identifier les causes et les circonstances des « abus massifs » qui se sont produits dans cet établissement scolaire sous contrat avec l’Éducation nationale. Selon Laurent Bacho, cette commission, dont la composition doit encore être définie, recueillera les témoignages des victimes et aura accès aux archives pour mieux comprendre l'ampleur du phénomène. Elle devra aussi définir des mesures pour éviter tout futur « aveuglement » face à de telles dérives.
Pour la congrégation, la réparation ne se limite pas aux aspects financiers. Un monument commémoratif ou une plaque pourrait être installé pour honorer la mémoire des victimes. La congrégation participera également à un forum sur les violences sexuelles organisé à Bayonne en mars, où elle sera accompagnée de l'Institut francophone pour la Justice et la Démocratie (IFJD), une ONG impliquée dans la démarche de réparation.
En parallèle de ces initiatives, l’enquête judiciaire se poursuit. Plus de 150 plaintes ont été déposées contre d'anciens membres de l’établissement, et bien que la majorité des faits soient prescrits, l’ouverture d’une information judiciaire et la mise en examen d’un ancien surveillant montrent que la justice continue de suivre son cours.
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