Société
« Croix gammées, urine, suicide...» : un gourou originaire d'Inde accusé d’avoir poussé 12 adolescentes à se torturer est jugé à Paris

Un homme de 28 ans, d’origine indienne et résidant à Antibes (Alpes-Maritimes), comparaît ce lundi 3 mars devant la cour criminelle de Paris pour avoir incité au moins 12 jeunes filles mineures à s’automutiler et se torturer via la plateforme Discord entre 2019 et 2021. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison pour « actes de torture et de barbarie », « corruption de mineurs en bande organisée » et « extorsion en bande organisée ».
Étudiant dans une grande école de commerce, le suspect, identifié comme Rohan R., a utilisé Internet pour manipuler ses victimes, principalement des adolescentes fragiles psychologiquement, âgées de 11 à 16 ans. Depuis le printemps 2020, il entamait un processus de séduction avant de les piéger par « sextorsion », les menaçant de diffuser des photos intimes si elles n’obéissaient pas à ses ordres diffusés en direct sur Discord.
Des actes de torture filmés
Les investigations, lancées après un signalement de Google au National Center for Missing and Exploited Children, ont révélé des vidéos sordides. Ces enregistrements montraient des jeunes filles contraintes de se scarifier le prénom « Rohan » ou des croix gammées sur la peau, de boire de l’eau de javel ou leur urine, ou encore de se masturber avec des objets contondants, sous les yeux de membres de la communauté « CVLT » qu’il animait. Une adolescente de 15 ans a rapporté avoir tenté de se suicider en se tranchant la gorge et les poignets sous cette emprise.
Rohan R., qui se présentait comme un « gourou », dirigeait une communauté d’environ 150 membres sur Discord, baptisée « CVLT », marquée par une idéologie ultra-radicale et une haine envers divers groupes ethniques et sociaux. Selon l’enquête, ce groupe, qualifié de « structuré et hiérarchisé » par l’accusation, se livrait à des pratiques de « sextorsion » et promouvait des violences à caractère sexuel. Le suspect, arrêté grâce à une collaboration entre le FBI et la police française, nie être le leader, se décrivant comme un simple modérateur.
12 victimes identifiées, un procès sous tension
À ce jour, 12 victimes ont été formellement recensées aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et en Estonie. Le procès pourrait être renvoyé devant une cour d’assises, où la réclusion à perpétuité serait envisageable, si le magistrat juge les faits trop graves pour la cour criminelle. Par ailleurs, trois autres individus liés au « CVLT », âgés de 23 à 41 ans, ont été inculpés aux États-Unis fin janvier 2025 pour exploitation d’enfants.
Placé en détention provisoire, Rohan R. aurait continué ses agissements depuis sa cellule via des téléphones portables. Il a confié aux enquêteurs être « fasciné par la violence » et se considérer comme un « psychopathe », bien que les expertises psychologiques n'aient démontré aucun trouble psychiatrique ni altération du discernement. Son avocat, Me Simon Olivennes, décrit un homme complexe, peut-être marqué par des traumatismes d’enfance en Inde, et souligne qu’il n’a jamais physiquement rencontré ses victimes.
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