Attentat de Mulhouse : la maire LR de la ville fustige les « récupérations » de l'extrême-droite et appelle à un « vivre-ensemble »

Une semaine après l’attentat au couteau qui a fait un mort à Mulhouse, le 24 février 2025, les réactions politiques se multiplient. Cet acte, attribué à Brahim A., un individu au « profil psychologique schizophrène » selon le procureur de Mulhouse, a relancé les débats sur la sécurité, l’immigration et la cohabitation dans une ville où « 136 nationalités coexistent » selon leur édile.

Michèle Lutz, maire divers droite de Mulhouse, s’est exprimée sur les suites de l’attentat. « Cela ne m’étonne pas, à un an des élections municipales, mais il y a un risque à travers ces expressions de causer des divergences entre les gens et les communautés d’une même ville et de créer un creuset haineux », a-t-elle déclaré. Elle insiste sur la capacité de Mulhouse à « faire cité » : « 136 nationalités coexistent ici, et on tient à cette cohabitation. » Contactée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau trente minutes après les faits, elle appelle néanmoins à davantage de fermeté : « Il faut arrêter avec la culture de l’excuse. »

Les élus locaux plaident pour une exécution plus stricte des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Jean Fuchs, député réélu en 2022 et 2024, pointe des problèmes persistants de sécurité, notamment « place Franklin », où se concentrent consommation de Tramadol et Lyrica et présence de marginaux. Il a déposé, le 28 février 2025, une proposition de loi visant à maintenir en rétention les personnes sous OQTF présentant un risque lié à leur radicalisation ou leur état psychologique. Cependant, il met aussi en garde sur la nécessité de mieux prendre en charge la santé mentale.

Dès le lendemain de l’attaque, Christelle Ritz, candidate du Rassemblement national (RN) battue au second tour en 2024, a diffusé une vidéo sur Instagram depuis les lieux de l’attentat. « On attend les actes après les déclarations de Bruno Retailleau », a-t-elle lancé, critiquant les élus locaux. Par ailleurs, lors de l’hommage aux victimes le 24 février, deux militants de l’Action Française ont été arrêtés pour avoir invectivé les officiels aux cris de « bande de lâches, expulsez les OQTF ». Ils seront jugés le 19 juin 2025 pour « outrages » et « provocation publique à la haine raciale ».

Bruno Retailleau a annoncé vouloir « changer de braquet » dans les relations avec l’Algérie, notamment via un rapport de force sur les visas, pour faciliter l’expulsion des ressortissants sous OQTF. Une position qui divise. Olivier Becht, député Renaissance d’une circonscription voisine, juge cette stratégie inefficace : « On l’a déjà expérimenté sans succès, et on risque de pénaliser des familles ou le commerce. » Il propose plutôt de transférer les personnes refusées par leur pays d’origine vers des pays tiers, en réorientant l’aide au développement.

À Mulhouse, les Algériens forment la première communauté d’origine étrangère, implantée depuis les « trente glorieuses ». Smail et Nadia, rencontrés au marché, ont exprimé leur tristesse pour la victime tout en déplorant une stigmatisation récurrente : « On a l’habitude d’être pointés du doigt, mais nous sommes des Mulhousiens comme les autres. »

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