International
Turquie : le PKK annonce un cessez-le-feu après quarante ans de conflit

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé, samedi 1er mars, un cessez-le-feu avec la Turquie, mettant fin à quatre décennies de guérilla. Cette décision répond à l’appel de son fondateur et leader historique, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 26 ans en Turquie.
Un tournant historique pour le Parti des travailleurs du Kurdistan
« Afin d’ouvrir la voie à la mise en œuvre de l’appel d’Apo [surnom d’Öcalan en kurde] à la paix et à une société démocratique, nous déclarons un cessez-le-feu à partir d’aujourd’hui », a déclaré le comité exécutif du PKK dans un message publié par l’agence ANF, proche du parti armé.
Ce cessez-le-feu marque un tournant majeur dans l’histoire du PKK, un mouvement qui, depuis 1984, a mené un conflit armé contre l’État turc, causant au moins 40 000 morts. L’organisation, considérée comme terroriste par Ankara, Washington et l’Union européenne, militait à l’origine pour l’indépendance du Kurdistan avant de plaider ces dernières années pour une autonomie au sein de la Turquie.
L’appel d’Öcalan à la dissolution du PKK
Le chef du PKK, Abdullah Öcalan, a appelé jeudi à la dissolution du mouvement et à l’abandon de la lutte armée. « Le dirigeant Abdullah Öcalan doit pouvoir vivre et travailler en toute liberté physique et établir des relations sans entrave avec qui il veut, y compris ses amis », a exigé le PKK dans son communiqué. L’organisation affirme être « d’accord avec le contenu de l’appel tel qu’il est, et nous déclarons que nous le respecterons et le mettrons en œuvre », précisant qu’aucune attaque ne sera menée à moins d’être visée en premier.
Le PKK demande également qu’Öcalan puisse diriger personnellement le congrès qui officialiserait la dissolution du mouvement. « Seul le leadership pratique du leader Apo peut permettre la réalisation pratique de questions telles que le dépôt des armes », a souligné le comité exécutif du PKK.
Erdogan sceptique et déterminé à poursuivre les opérations militaires
Si l’annonce du cessez-le-feu représente une avancée significative, Recep Tayyip Erdogan a tenu à rappeler que la Turquie ne relâchera pas sa vigilance. « Si les promesses faites ne sont pas tenues et si une tentative est faite pour retarder (…) ou pour tromper, le péché sera sur nous », a déclaré le président turc samedi soir, lors d’un dîner de rupture du jeûne à Istanbul.
Erdogan avait toutefois qualifié la déclaration d’Öcalan d’« occasion historique » pour avancer vers une fin définitive du conflit. « La dissolution de l’organisation terroriste sans négociation signifie une nouvelle ère en termes de développement, de démocratie et de sécurité », a renchéri le vice-président turc, Cevdet Yilmaz.
Un processus de paix sous surveillance
La Turquie avait tenté d’engager des négociations de paix avec le PKK en 2013, mais celles-ci avaient échoué en 2015, entraînant une reprise des violences. Depuis, Ankara mène régulièrement des opérations militaires contre les combattants kurdes, notamment dans le nord de l’Irak et en Syrie, où le PKK dispose de bases arrières.
Si le cessez-le-feu est respecté et si le PKK procède réellement à sa dissolution, il marquera une rupture majeure dans l’histoire du mouvement kurde et de la Turquie. Cependant, le scepticisme demeure, alors que le gouvernement turc continue d’afficher une ligne dure face aux groupes qu’il considère comme terroristes. Reste à voir si cette trêve annoncée ouvrira réellement la voie à une paix durable.
Aucun commentaire
Chargement

Lettre d'information
Restez informé en recevant directement les dernières news dans votre boîte mail !