Société
Basilique Saint-Denis : les tombes des reines de France côtoient les « Nouvelles Reines », des femmes voilées

Depuis septembre, la Basilique Saint-Denis, mausolée des rois et reines de France, accueille une exposition photographique provocante qui met en lumière des portraits de femmes voilées, disposés à côté des tombeaux des reines défuntes. Cette initiative artistique, intitulée « Nouvelles Reines », a été pensée par la photographe Sandra Reinflet pour rendre hommage à des femmes de Saint-Denis. Au total, une trentaine de portraits, dont ceux de femmes portant le voile islamique, ornent l'église, confrontant l’histoire royale à une réalité contemporaine marquée par la diversité.
« En guise de presque clôture de mon exposition, et parce que le 8 mars et tous ces droits qui nous filent entre les doigts, nous vous invitons à une performance inspirée du thème de l’expo ». Ainsi s’annonce l’événement qui viendra marquer la fin de l’initiative. Interprété par Isabelle Joly, Fanny de Montmarin et quelques-unes des « Nouvelles Reines », le spectacle promet « un looper et une super chanteuse, une blague salique, des trucs qui brillent, des mots qui riment », comme l’annonce l’artiste Sandra Reinflet.
Une exposition qui divise
Les visages des « Nouvelles Reines » sont placés dans les petites chapelles autour des tombes de figures emblématiques telles que Marie-Antoinette et Louis XVI. Par cette juxtaposition, l’artiste entend rendre hommage à la résilience, au courage et à la détermination de ces femmes d’aujourd’hui, souvent œuvrant dans le secteur social. Mais l’exposition, en particulier les portraits de femmes voilées, suscite de vives critiques. Le collectif féministe Némésis dénonce une « humiliation » des femmes et une « soumission » symbolique. De même, le député RN Matthias Renault a demandé des comptes au Centre des Monuments Nationaux (CMN), soulignant le manque de respect envers le patrimoine chrétien français.
Pour sa part, le CMN défend cette exposition comme une initiative sans caractère religieux ni revendicatif. Il souligne que ces femmes, issues de différentes origines et croyances, ont été choisies pour leur parcours inspirant et leur capacité à surmonter les épreuves de la vie, souvent marquées par des violences ou des luttes sociales.
Les photographies mettent en avant des femmes qui, parfois sans emploi et souvent sans papiers, sont considérées comme des « actrices de lien social ». Selon les cartels qui accompagnent l’exposition, elles sont souvent perçues comme des figures communautaires, naviguant entre différents univers, faisant « la bise aux dealers comme aux mères de famille ».
Cette rencontre entre le passé royal et ces « nouvelles reines » semble questionner la place des femmes dans la société contemporaine, mais aussi celle du respect des lieux historiques. Si l’on reconnaît à l’exposition le mérite de dresser un portrait fidèle de Saint-Denis en 2025, elle soulève également une réflexion plus profonde. Certains y voient une illustration de la créolisation, tandis que d’autres y détectent une allusion au grand remplacement. Quel que soit le point de vue, les visages des « Nouvelles Reines » ne laissent personne indifférent.
À lire aussi : Bordeaux : un squatteur armé de 21 ans surprend un agent immobilier en pleine visite
Aucun commentaire
Chargement

Lettre d'information
Restez informé en recevant directement les dernières news dans votre boîte mail !