Politique
[SONDAGE EXCLUSIF] : Marine Le Pen, candidate préférée de la droite sur l’immigration
Un sondage exclusif de l’Ifop pour Livre Noir révèle que l’ex-présidente du RN est la personnalité politique à qui les Français font le plus confiance en matière d’immigration, notamment à droite.
Le match sur la question migratoire promet d’être rude. Alors que Marine Le Pen a annoncé il y a peu être la candidate « naturelle » de son parti –rempilant ainsi sans le dire pour 2027, elle est aussi la personnalité politique préférée de la population : 39 % des sondés lui font confiance. À droite, elle domine aussi : elle se classe deuxième chez Les Républicains, largement devant son principal concurrent désigné, Edouard Philippe.
Qui convaincra Les Républicains ?
Disparate, l’électorat de la droite classique l’est assurément. Tiraillé à la fois par le centre-droit, le Rassemblement National et Reconquête!, même ses propres candidats ne parviennent pas à s’imposer clairement sur la question migratoire.
La personne qui convainc le plus aux Républicains, c’est le président du parti, Eric Ciotti. Ayant toujours défendu une prise de position ferme sur les OQTF, favorable à l’instauration de quotas migratoires, décrit comme proche d’Eric Zemmour sur ces sujets, il rallie 65 % des opinions positives.
Un Républicain en premier, c’est un signal. Signal faible pourtant : il ne rassemble au global que 18 % des voix, n’est pas soutenu par plus d’un tiers de son camp et n’est que trois points devant Marine Le Pen, qui le suit de près.
Avec 62 % des électeurs des Républicains qui lui font confiance, Marine Le Pen réalise une performance surprenante. Elle qui ne tente que timidement de « draguer » cet électorat trop libéral pour son programme économique s’attache néanmoins près des deux tiers des opinions positives.
Huit points derrière, on retrouve le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui rafle tout de même une majorité avec 54 % de choix « confiance ». Ex-UMP, puis LR, il bénéficie par ailleurs de 80 % d’adhésion chez Renaissance. Les deux partis, de centre et de droite, semblent donc trouver un bilan correct à l’ancien maire de Tourcoing malgré les affaires du Stade de France ou à l’augmentation de la délinquance. Celui qui prépare une campagne présidentielle « à la Sarkozy » est ainsi le centriste le mieux placé pour récupérer cet électorat.
Juste derrière Eric Zemmour et Marion Maréchal, qui réunissent tous deux 48 % d’approbation chez ce parti, on retrouve celui qui semble être le mieux placé pour affronter Marine Le Pen en 2027 : Edouard Philippe. L’ancien Premier ministre, lui aussi, n’est pas loin de trouver une majorité sur le thème de l’immigration (47 %). Pourtant, alors que lui-même est issu du juppéisme, que son parti Horizons s’agrandit de personnalités de centre-droit comme Christophe Béchu ou Christian Estrosi, il reste loin derrière Marine Le Pen. À son désavantage, un bilan très neutre sur le sujet et une fermeté toute relative ne se traduisant dans ses dernières interventions que par sa volonté de mettre fin à l’accord franco-algérien de 1968. À égalité avec lui, on retrouve le président du Rassemblement National Jordan Bardella qui, malgré sa jeunesse, séduit une partie des électeurs par son profil moins marqué.
En dernier à droite, on retrouve aussi celui qu’Eric Ciotti tente de propulser depuis son accession à la tête du parti : Laurent Wauquiez. Réunissant seulement 41 % d’opinions favorables, celui que beaucoup voient en candidat des Républicains pour 2027 n’est apparemment pas assez convaincant pour son propre camp sur le sujet. Sans doute la peur d’un « effet Sarkozy », fort dans le discours, mais pas dans les actes, fait-elle craindre à l’ancien parti de gouvernement un bis repetita.
Les électeurs LR plus radicaux que ceux du RN sur le constat
Alors que le premier sujet du Rassemblement National a longtemps été l’immigration, il paraît que la primauté du pouvoir d’achat depuis quelques années a diversifié l’électorat de Marine Le Pen au point de le rendre tout à fait comparable à celui de la droite classique sur de nombreux sujets, voire plus timide !
De fait, alors que nous avions demandé aux Français ce qu’était pour eux l’immigration (deux choix étant possibles), les électeurs LR sont 88 % à évoquer la lutte contre l’immigration clandestine, contre « seulement » 71 % pour le RN, rendant ainsi le parti de Marine Le Pen plus proche de Renaissance (59 %) que de la droite ! Dans la même veine, on observe avec surprise que 17 % des sondés affiliés au RN pensent que l’immigration constitue un apport bénéfique à notre pays, contre 6 % chez LR. L’accueil des migrants y a aussi été évoqué à 21 %, 15 % pour LR. Il n’y a en fait que sur le sujet du coût économique de l’immigration que l’électorat du parti à la flamme est au-dessus de son rival, avec 68 % contre 66.
Sur la question des émeutes de juin dernier, 39 % du RN évoquait ainsi l’immigration dans les deux causes premières, devançant Les Républicains de cinq points. Pourtant, avec 10 % d’opinions exprimées, ils étaient aussi trois fois plus nombreux qu’eux à penser aux « discriminations vécues par les habitants de ces villes/quartiers » : un reliquat d’anciens électeurs de gauche ?
Cela est bien possible : si sur le terrain du trafic de drogue ou de la démission des parents, la droite libérale domine à nouveau, on retrouve une légère persistance de l’explication socio-économique des émeutes, bien qu’à des niveaux moindres qu’à gauche.
Un programme commun à droite envisageable ?
Si les divergences se voient assez clairement sur le constat, elles sont en revanche bien plus ténues sur les propositions visant à limiter l’immigration. De fait, on peut voir que toutes les propositions favorisant l’immigration sont systématiquement plébiscitées à plus de 75 %, et même plus de 95 % pour l’expulsion des étrangers délinquants après leur peine de prison. Ils sont d’ailleurs en cela rejoints par la majorité de Renaissance, d’Europe Écologie Les Verts et du Parti Socialiste.
Sur toutes les propositions, on ne retrouve qu’une seule vraie divergence : la question de la régularisation des clandestins dans les métiers en tension. Si la majorité des LR y est favorable (56 %), ça n’est pas le cas du RN qui — tiraillé par la peur d’un « appel d’air » qui amènerait encore plus de clandestins – y est défavorable, à 60 % contre. Les deux partis sont en revanche unis dans une écrasante opposition à l’idée d’augmenter le budget d’intégration des immigrés à la société française (87 % LR, 89 % RN).
Alors, un programme migratoire à droite est-il possible ? Au-delà des postures de diabolisation ou de centrisation politiciennes, l’électorat de toute la droite est plus que proche sur de très nombreuses questions, paraissant se moquer éperdument de la différence entre un moratoire et un référendum. Qui pour l’incarner ? Si la frontière entre libéralisme et étatisme qui sépare les deux camps est aujourd’hui fort peu poreuse, Les Républicains seraient peut-être prêts à voter des mesures venues de Marine Le Pen un jour.
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