C’est désormais officiel. Le président sortant Kaïs Saïed, accusé de « dérive autoritaire » par l’opposition et des organisations de la société civile, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle en Tunisie. Il obtient avec ce scrutin plus de 89 % des voix selon les autorités locales. Ce triomphe se trouve toutefois assombri par un taux de participation estimé à 27,7 % — le plus bas jamais enregistré depuis la chute du despote Ben Ali en 2011. Une telle situation soulève des questions quant à la légitimité de ce scrutin dans un pays qui fut également le berceau des soulèvements pour la démocratie lors des Printemps arabes en 2010.
À 66 ans, Kaïs Saïed a triomphé de ses adversaires d’une manière quasi jupitérienne. L’industriel libéral Ayachi Zammel, qui n’a pu faire campagne en raison de son incarcération, n’a su amonceler qu’un modeste 6,9 % des suffrages, tandis que l’ancien député Zouhair Maghzaoui a récolté 3,9 %. Ce paysage électoral a été fortement marqué par l’absence de concurrents sérieux, puisque seuls deux candidats, considérés comme des seconds couteaux, ont eu la possibilité de s’opposer au président sortant parmi les 17 postulants initialement envisagés.
Tunisie : les craintes d’une ombre despotique
Dans les rues de Tunis, la victoire de Saïed a été accueillie par des scènes de liesse. Des militants, brandissant des drapeaux nationaux et s’époumonant sur des slogans en faveur de leur président, ont envahi les faubourgs de la capitale maghrébine. Toutefois, la faiblesse de la participation électorale interpelle.
Pour la première fois depuis 2011, les observateurs de l’Union européenne ont été exclus du processus électoral en Tunisie. Dans plusieurs bureaux de vote, seuls des représentants de la commission électorale russe, de l’Organisation de coopération islamique et d’autres organismes approuvés par les autorités étaient présents.
L’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections a signalé, selon l’agence de presse officielle TAP, « un certain nombre d’irrégularités et de malversations de divers degrés », y compris des directives visant à orienter et influencer les électeurs. Dans ce contexte d’incertitude, de nombreux Tunisiens expriment leurs inquiétudes concernant la manipulation des urnes et l’absence d’une véritable alternative politique.
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