Société
Soupçons d’emploi fictif au Canard Enchaîné : un procès sous tension
Ce mardi s’ouvre à Paris le procès de quatre membres du Canard Enchaîné, accusés d’abus de biens sociaux. Au centre de l’affaire se place l’épouse du dessinateur André Escaro, soupçonnée d’un emploi fictif depuis 26 ans.
Un procès éminemment attendu s’apprête à débuter ce mardi 8 octobre dans l’enceinte du tribunal correctionnel de Paris. Quatre figures du célèbre hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné sont poursuivies pour abus de biens sociaux, suite aux révélations de 2022 concernant un emploi fictif présumé. L’épine dorsale de cette affaire repose sur l’épouse du dessinateur André Escarot, accusée d’avoir bénéficié d’un salaire pendant 26 ans sans avoir exercé une quelconque activité réelle.
L’enchaîné à la barre
Les audiences, prévues du 8 au 11 octobre, concerneront Edith Vandenvaele, épouse d’André Escaro, ainsi que deux anciens dirigeants du Canard, Michel Gaillard et Nicolas Brimo. Ces derniers devront répondre des accusations d’« abus de biens ou du crédit d’une société par actions » et de « fausses déclarations », notamment pour l’obtention de prestations sociales et d’une carte de presse pour Mme Vandenvaele. Le préjudice total est estimé à près de 1,5 million d’euros, selon une enquête de la brigade financière.
Les faits remontent à mai 2022, lorsque Christophe Nobili, journaliste d’investigation au Canard Enchaîné, découvre une collaboratrice inconnue dans les effectifs du journal. Connu pour avoir dénoncé l’emploi fictif de Penelope Fillon lors de la campagne présidentielle de 2017, Nobili dépose plainte contre X, ouvrant ainsi la voie à une enquête judiciaire. Ses recherches sur cette affaire sont également consignées dans son livre Cher Canard, paru en 2022.
Un préjudice financier exorbitant
Selon les éléments de l’enquête, Edith Vandenvaele aurait perçu un salaire annuel de plus de 80 000 euros entre 1996 et 2022. L’épouse d’André Escaro aurait été rémunérée pour une assistance prétendue à son mari dans la réalisation de ses dessins, mais aucune trace d’une réelle activité professionnelle n’a été retrouvée : « pas de poste de travail, pas de réunions, et aucune contribution journalistique », étayent les enquêteurs.
Pour André Escaro, aujourd’hui âgé de 96 ans, cette situation serait le résultat d’un arrangement informel, dans lequel sa femme aurait fourni une « aide morale et technique » à la préparation de ses caricatures. Une curieuse défense que la justice s’apprête à examiner de près. Le début du procès pourrait toutefois être compromis. Les avocats d’André Escaro ont déposé une demande de renvoi en raison de l’état de santé fragile de leur client, âgé de 96 ans. Une telle demande sera examinée à l’ouverture des audiences.
À lire aussi : Salvini et Orbán unis contre Bruxelles : « écoterrorisme » et politiques migratoires au cœur du débat
Aucun commentaire
Loading