Société
Pass Culture : les élèves en situation de handicap, les grands oubliés du dispositif
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Lancé en 2019, le Pass Culture devait être une avancée majeure pour la démocratisation culturelle des jeunes. Il permet aux adolescents de 15 à 18 ans de bénéficier d’un crédit pour financer des sorties culturelles, l’achat de livres, ou encore l’accès à des plateformes numériques. À première vue, cette initiative se voulait inclusive, ouverte à tous, sans distinction. Pourtant, une faille majeure vient d’être mise en lumière : les élèves en situation de handicap, scolarisés dans des établissements médico-sociaux, sont exclus du volet scolaire du dispositif.
Une exclusion justifiée par l’administration, subie par les élèves
L’affaire a été mise en lumière lors d’une réunion de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, lorsque Anne Sicard, députée Identité et Libertés (IDL) — mouvement de Marion Maréchal —, apparentée RN, a interpellé le gouvernement. Selon elle, des milliers d’élèves, scolarisés dans des établissements médico-sociaux, ne peuvent bénéficier du Pass Culture au même titre que leurs camarades en milieu scolaire ordinaire. La raison invoquée par l’exécutif ? Un simple cloisonnement administratif. Puisque ces établissements relèvent non pas du ministère de l’Éducation nationale, mais de celui des Solidarités et de la Santé, ils se retrouvent exclus du périmètre du dispositif.
Pour elle, il est inconcevable qu’en 2025, vingt ans après la loi handicap de 2005 qui devait garantir une égalité des chances, un tel dispositif puisse encore exclure une partie des élèves.
À cette critique s’ajoute un autre élément troublant : elle s’est étonnée de constater que même la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, semblait découvrir le problème en séance. Cette omission est une preuve supplémentaire des lacunes de la gestion du Pass Culture et, plus largement, du manque de considération pour les élèves en situation de handicap.
Une efficacité douteuse et des exclusions injustifiées
Cette exclusion ne constitue que la dernière d’une série de controverses entourant ce pass. Il y a quelques semaines, la Cour des comptes publiait un rapport au vitriol, épinglant la gestion du dispositif. Elle y dénonçait des dépenses mal maîtrisées, un manque de contrôle sur la qualité des offres proposées et une efficacité discutable en matière de démocratisation culturelle. Loin de remplir pleinement ses promesses, le Pass Culture semble davantage refléter une ambition mal calibrée qu’une véritable avancée.
Quand la culture se mérite… selon les bonnes grâces du ministère
L’exclusion du Puy du Fou, véritable feuilleton politico-culturel, avait également fait couler beaucoup d’encre. Ce bras de fer idéologique sur la sélection des offres éligibles au Pass Culture avait provoqué l’ire de certains milieux de gauche, qui voyaient d’un mauvais œil l’inclusion d’un site jugé trop marqué historiquement et politiquement. Finalement, après bien des cris d’orfraie et des indignations surjouées, la Cinéscénie, le célèbre spectacle nocturne du parc, a obtenu son ticket d’entrée dans le dispositif, tandis que le reste du parc à thème demeure exclu. Une décision annoncée par Rachida Dati, ministre de la Culture, sans doute consciente qu’il fallait mettre un terme à une polémique stérile.
Évidemment, cette volte-face n’a pas manqué de faire grincer des dents du côté des bien-pensants, qui y voient une concession insupportable. Mais qu’ils se rassurent, la Fête de l’Humanité reste toujours accessible, et personne ne songe à remettre en question son éligibilité au Pass Culture. Comme quoi, dans cette grande entreprise d’ouverture culturelle, certaines portes s’ouvrent plus facilement que d’autres.
À lire aussi : Pass Culture : un chèque-cadeau qui tourne en rond
3 commentaires
MrBarbouille
On préfère donner du pognon à des jeunes qui nous crachent au visage, et même pire ! Une honte...
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