Strasbourg : La cathédrale plongée dans le noir dès 23h pour des économies symboliques

La décision de la mairie de Strasbourg d’éteindre les lumières de la cathédrale Notre-Dame à partir de 23h suscite de nombreuses réactions dans la métropole alsacienne. L’initiative, qui fait partie d’une stratégie de sobriété énergétique, est perçue comme radicale par une partie des habitants et de l’opposition municipale, notamment en raison des économies d’énergie limitées qu’elle permet.

Le photographe strasbourgeois Olivier Hannauer a immortalisé le 15 octobre dernier une image saisissante de la cathédrale plongée dans le noir à 23h03. Les façades environnantes étaient toujours illuminées, mais l’édifice emblématique de la ville avait complètement disparu du paysage nocturne. La photo, partagée sur les réseaux sociaux, a rapidement enflammé le débat. Dans un premier temps, la municipalité avait évoqué un problème technique pour expliquer l’extinction prématurée des lumières. Cependant, la mairie écologiste a ensuite confirmé qu’il s’agissait bien d’une décision volontaire, dans le cadre de sa politique de sobriété énergétique.

Une mesure largement critiquée

Cette décision a soulevé de vives critiques, tant de la part des habitants que des élus d’opposition. En effet, selon des calculs relayés par certains responsables locaux, cette extinction des lumières permettrait d’économiser environ 4,80 euros par jour en électricité, un chiffre jugé dérisoire au regard de l’impact visuel et symbolique de cette mesure.

Pierre Jakubowicz, élu d’opposition à Strasbourg, a vivement réagi en publiant lui-même des photos de la cathédrale plongée dans le noir, tout en notant que d’autres bâtiments administratifs de l’Eurométropole, eux, restent éclairés toute la nuit. « Pourquoi éteindre notre monument le plus emblématique alors que d’autres bâtiments restent allumés ? », s’est-il interrogé.

Olivier Hannauer, quant à lui, a décrit un moment choquant pour les Strasbourgeois : « On se prend un bloc dans la tête, on ne s’y attend pas », a-t-il expliqué. « La cathédrale, entourée de bâtiments illuminés, semble disparaître du paysage nocturne ».

La mairie défend sa décision d’éteindre la cathédrale

Interrogée par France 3 Alsace, la mairie de Strasbourg a justifié sa décision, expliquant que cette extinction ne visait pas uniquement des économies financières. « Il s’agit pour la Ville de Strasbourg d’être exemplaire au moment où des efforts de sobriété énergétique sont demandés à l’ensemble des citoyennes et citoyens », a-t-elle déclaré. La municipalité a également précisé que l’extinction totale de la flèche, qui normalement reste allumée toute la nuit, résultait d’un dysfonctionnement technique temporaire.

Cette explication n’a toutefois pas convaincu tout le monde. Pour de nombreux Strasbourgeois, cette mesure semble disproportionnée au regard des économies réalisées. Certains plaident pour une extinction plus progressive et à une heure plus tardive.

Éteindre la cathédrale, une décision politique sous-jacente ?

Si la mairie évoque la sobriété énergétique, d’autres voient dans cette décision un choix politique visant à invisibiliser le patrimoine catholique local. En effet, la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, symbole historique et religieux de la ville, est bien plus qu’un simple monument. Sa mise en lumière, primée à de nombreuses reprises pour sa qualité artistique, est perçue par beaucoup comme une part intégrante du charme nocturne de la ville.

Acte Lumière, la société chargée des illuminations, a également réagi, rappelant que la mise en lumière de la cathédrale est une œuvre d’art en soi, avec six prix internationaux à son actif. « L’extinction progressive jusqu’au matin faisait partie de notre concept d’éclairage », a déclaré un représentant de la société, ajoutant qu’ils n’avaient pas été consultés pour modifier ce dispositif.

Une controverse qui dure autour de la cathédrale

La controverse continue d’alimenter les discussions à Strasbourg, entre partisans de la sobriété énergétique et défenseurs du patrimoine. Alors que certains plaident pour une ville plus économe en énergie, d’autres y voient une tentative de dépolitisation et de neutralisation du paysage urbain, particulièrement en ce qui concerne les symboles religieux. Si la mesure venait à être maintenue, il est probable que la cathédrale, monument emblématique de la ville et de la région, continue de disparaître dans le noir chaque soir, suscitant de nouvelles réactions.

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