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Relations franco-algériennes : après la crise, « le rideau » va-t-il vraiment se lever ?

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, s’est rendu à Alger ce dimanche 6 avril pour marquer le début d’une reprise du dialogue entre la France et l’Algérie, après des mois de tensions. Lors de cette visite, il a rencontré son homologue Ahmed Attaf pendant une heure quarante-cinq minutes, puis le président Abdelmadjid Tebboune pendant deux heures et demie, avant de déclarer au palais d’El Mouradia : « Nous revenons à la normale et, pour reprendre les mots du président Tebboune, “le rideau se lève”. »
Face à une relation bilatérale marquée par une crise profonde depuis 2022, Jean-Noël Barrot a annoncé la réactivation immédiate des mécanismes de coopération dans tous les secteurs. « Nous avons décidé de le faire avec sérieux, discrétion et efficacité », a-t-il précisé. Cela sonne donc la reprise des contacts entre les services de renseignement et l’organisation prochaine d’une réunion des responsables de la sécurité des deux pays, ainsi qu’un dialogue stratégique sur le Sahel.
Coopération judiciaire et migratoire en vue
Le ministre a confirmé la visite prochaine du garde des Sceaux, Gérald Darmanin, à Alger, pour relancer le dialogue judiciaire, notamment sur les dossiers sensibles comme les biens mal acquis. Sur le plan migratoire, après des tensions autour des obligations de quitter le territoire français (OQTF), Barrot a indiqué que les présidents Macron et Tebboune ont convenu de reprendre sans délai la coopération, avec une réunion prévue entre préfets et consuls pour traiter les réadmissions et les visas au cas par cas.
Les discussions ont également porté sur les échanges économiques, affectés ces derniers mois dans des secteurs comme l’agroalimentaire, l’automobile et le transport maritime. « Le président Tebboune m’a assuré de sa volonté de donner une nouvelle impulsion », a rapporté Barrot, annonçant une rencontre entre le Medef et le CREA le 19 mai 2025, ainsi qu’une réunion du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa) avant l’été.
Mémoire et diplomatie : des avancées prudentes
Sur le volet mémoriel, les contacts entre les historiens des deux pays ont repris au sein de la commission mixte, avec une invitation de Benjamin Stora à Alger pour poursuivre les travaux sur les restitutions culturelles. Par ailleurs, Jean-Noël Barrot a plaidé pour le retour d’un ambassadeur algérien à Paris, retiré en juillet 2024 suite à la position française sur le Sahara occidental, et a acté une rencontre des secrétaires généraux des ministères des Affaires étrangères en août 2025.
Le ministre a évoqué le cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, appelant à un « geste d’humanité » en raison de son âge et de son état de santé. Concernant le Sahara occidental, source majeure de la crise récente, le sujet a été abordé longuement, Alger prévoyant de s’exprimer avec force lors d’une réunion à l’ONU le 14 avril 2025, sous présidence française du Conseil de sécurité.
La visite s’est conclue le 6 avril par un passage à la basilique Notre-Dame d’Afrique, où l’inscription « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » a été perçu comme un symbole des efforts de réconciliation. Malgré ces avancées, de nombreux observateurs notent des signaux contradictoires, comme la consigne algérienne de remplacer le français par l’anglais dans l’enseignement médical, laissant planer des doutes sur la solidité de cet apaisement.
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