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Ouragan Milton : une double catastrophe pour la Floride en pleine période électorale
À peine remise de l’ouragan Helene, la Floride fait face à une nouvelle tempête dévastatrice.
L’ouragan Milton, rétrogradé en catégorie 1, mais encore extrêmement puissant, a plongé des millions de foyers dans le noir, provoqué des inondations massives et coûté la vie à plusieurs personnes. Alors que la campagne présidentielle américaine de 2024 bat son plein, ces catastrophes naturelles bouleversent à la fois la vie quotidienne des habitants et le paysage politique national.
L’ouragan Milton : une destruction sans précédent
L’ouragan Milton, qui a touché terre mercredi soir en Floride, est décrit comme l’une des pires tempêtes à frapper l’État en un siècle. Avec des vents atteignant jusqu’à 165 km/h, il a balayé des villes telles qu’Orlando, Deltona, et Daytona Beach, provoquant des crues soudaines et forçant des dizaines de milliers de résidents à évacuer. Alors que le Centre national des ouragans avertit des risques de submersion avec des inondations pouvant atteindre 4,5 mètres, Milton a déjà privé plus de trois millions de foyers d’électricité à travers la Floride, et les États voisins, la Caroline du Nord et la Géorgie, sont également touchés par des pannes massives.
Cette tempête s’ajoute aux ravages laissés par l’ouragan Helene, qui a fait au moins 236 morts dans le sud-est des États-Unis, dont 15 en Floride. Alors que le président Joe Biden qualifiait Milton de « l’un des ouragans les plus destructeurs depuis plus d’un siècle en Floride », les autorités locales et fédérales se mobilisent pour limiter les dégâts. Cependant, les infrastructures déjà affaiblies par Helene rendent la gestion des secours d’autant plus complexe.
Les conséquences humaines et matérielles de ce nouvel ouragan
Le passage de Milton a causé la mort de plusieurs personnes, notamment dans le comté de St Lucie, où des tornades ont balayé la région. « Plusieurs tornades ont touché cette communauté et nous avons perdu des vies », a déclaré le shérif local, Keith Pearson. Le bureau du shérif a par ailleurs été détruit.
Au-delà des pertes humaines, les inondations massives et les vents violents ont causé des destructions matérielles considérables. Dans la ville de St. Petersburg, en Floride, le toit du stade de baseball a été arraché, et de nombreux bâtiments ont été endommagés. Ces scènes de chaos se répètent à travers la Floride, où les habitants luttent pour retrouver un semblant de normalité après avoir déjà enduré Helene.
Un impact direct sur la campagne présidentielle de 2024
Ces catastrophes naturelles surviennent à un moment critique pour la campagne présidentielle de 2024, et leur impact sur le processus électoral est déjà tangible. En effet, l’ouragan Helene avait déjà perturbé les envois de bulletins de vote par correspondance dans le nord de la Floride, obligeant les autorités locales à repenser l’organisation des élections. Avec Milton, la situation devient encore plus complexe.
La Floride, bien que traditionnellement républicaine, joue toujours un rôle central dans l’élection présidentielle américaine. En 2020, Donald Trump a remporté cet État avec seulement trois points d’avance, et tout changement dans la participation des électeurs pourrait influencer l’issue du scrutin. Plus de trois millions de foyers sont actuellement privés d’électricité, et les infrastructures endommagées pourraient empêcher de nombreux électeurs de recevoir ou de renvoyer leur bulletin de vote par correspondance à temps. Cette situation, combinée aux déplacements massifs de population provoqués par les évacuations, pourrait entraîner une baisse significative de la participation, en particulier dans les zones rurales et conservatrices, où Trump avait largement dominé en 2020.
Une participation électorale en baisse ?
L’ouragan Katrina, en 2005, avait déjà montré comment une catastrophe naturelle peut perturber un scrutin. À la suite de cette tempête, la Nouvelle-Orléans avait enregistré une chute drastique de la participation électorale, notamment dans les quartiers les plus durement touchés. De nombreux résidents n’avaient pas pu revenir dans leurs foyers à temps pour voter, et les communautés les plus vulnérables avaient été les plus durement affectées. Un scénario similaire pourrait se reproduire en Floride avec Milton, en particulier dans les régions rurales et républicaines.
En 2018, l’ouragan Michael, qui avait frappé la Floride peu avant les élections de mi-mandat, avait déjà provoqué une baisse de 7 % de la participation électorale dans les zones touchées, une diminution qui avait été plus importante que la marge de victoire dans certaines courses électorales serrées. Si un tel phénomène se produit en 2024, cela pourrait coûter cher à Donald Trump, notamment dans des États comme la Géorgie et la Caroline du Nord, où les sondages montrent une course extrêmement serrée.
La réponse des autorités : un test politique crucial
La gestion des secours après une catastrophe naturelle peut avoir des répercussions importantes sur l’opinion publique et, par conséquent, sur l’élection présidentielle. En 1992, George H.W. Bush avait vu sa campagne affaiblie par une réponse jugée insuffisante après l’ouragan Andrew, ce qui avait contraint les républicains à consacrer des ressources considérables à la Floride, un État qu’ils avaient remporté avec une large avance lors de l’élection précédente.
De la même manière, la réponse gouvernementale à Milton et Helene pourrait influencer l’élection de 2024. Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises la gestion de la situation par les autorités fédérales, qualifiant leur réponse de « désastre ». Cependant, de nombreux responsables locaux, y compris des républicains, ont salué les efforts de l’administration Biden. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a lui-même pris des mesures pour faciliter le vote dans les zones touchées, notamment en assouplissant les règles pour les bulletins par correspondance et en permettant des changements de lieux de vote.
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