Politique
Affaire des financements libyens : le procès de Nicolas Sarkozy débute après quatorze ans d’enquête et de controverses
Le tribunal correctionnel de Paris entame ce lundi 6 janvier l’examen des financements libyens où Nicolas Sarkozy et 12 autres prévenus sont accusés de financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds présumés en provenance du régime libyen de Mouammar Kadhafi.
Le tribunal correctionnel de Paris entame, ce lundi 6 janvier, l’examen d’un dossier politique d’une ampleur inédite. Au cœur du débat : l’accusation de financement occulte de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, avec des fonds présumés en provenance du régime libyen de Mouammar Kadhafi. Ce procès, qui s’étendra jusqu’à mi-avril, voit l’ancien président français et 12 autres prévenus comparaître pour des accusations de corruption, financement illégal de campagne électorale et association de malfaiteurs.
Le scénario incriminant repose sur une série de témoignages et de documents datés. Selon l’accusation, dès 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, aurait sollicité un financement pour sa campagne, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et judiciaires. Lors d’une rencontre en Libye, il aurait conclu un pacte secret avec Kadhafi, qui, en retour, espérait la réhabilitation de son pays sur la scène internationale et la levée de sanctions. En échange de cet appui financier, des contrats industriels lucratifs auraient été négociés, et des promesses de soutien à l’impunité d’Abdallah Senoussi, un proche de Kadhafi impliqué dans l’attentat contre le DC-10 de la compagnie UTA.
Sarkozy et Kadhafi : les enquêtes et les témoignages
La divulgation d’un document en 2012 par Mediapart, affirmant que 50 millions d’euros avaient été versés pour financer la campagne de Sarkozy, a mis le feu aux poudres. Le témoignage de Ziad Takieddine, un homme d’affaires franco-libanais, a davantage alimenté l’enquête : selon lui, il aurait transporté de l’argent en espèces dans des valises à l’attention de Sarkozy et de son ministre Claude Guéant. De nombreux documents et carnets retrouvés, ainsi que des témoignages de dignitaires libyens, soutiennent la thèse d’un financement illicite, bien que des zones d’ombre persistent quant à la véracité de certains éléments à charge.
Nicolas Sarkozy et ses défenseurs réfutent vigoureusement ces accusations. L’ancien président parle de « fable libyenne », affirmant que les allégations n’ont aucune base factuelle. Pour lui, les accusations ne sont qu’une vengeance de la part du régime de Kadhafi, en raison de la position de la France lors de la guerre civile libyenne. Son avocat, Me Christophe Ingrain, dénonce une « construction artificielle » montée par l’accusation. D’autres défenseurs pointent également l’opacité recouvrant certains éléments clés du dossier.
Les acteurs de l’affaire : une enquête de haut vol
Au centre du dossier figurent plusieurs personnalités politiques et intermédiaires, accusés d’avoir facilité les transferts de fonds. Claude Guéant et Brice Hortefeux, anciens ministres de l’intérieur, sont cités pour avoir organisé les transferts d’argent. Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, en tant qu’intermédiaires, ont joué un rôle crucial dans la circulation de ces fonds. Le principal témoin du côté libyen, Bachir Saleh, ancien directeur de cabinet de Kadhafi, est lui aussi poursuivi, bien qu’il ait été exfiltré vers la France après la chute du régime libyen, en échange de son silence.
Le procès se poursuivra sur les éléments factuels suivants : le montant exact versé, les conditions du financement, et les contreparties négociées. Les preuves et témoignages présentés permettront à la justice de déterminer les faits concernant ce financement présumé. Les mois à venir seront déterminants pour établir la véritable envergure de l’affaire libyenne.
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