Société
Jean-Marie Le Pen est mort : la chute du dernier des géants
Jean-Marie Le Pen s’est éteint ce mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans. Député sous la IVe République, fondateur du Front National, le Menhir est le dernier des géants de la politique à tomber.
« Nous étions les guépards, les lions, et ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes. Et qui que nous soyons, guépards, chacals ou bien brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre. » écrivait Giuseppe Tomasi di Lampedusa voilà un siècle. Aujourd’hui, ce n’est pas un prince de Sicile que nous voyons tomber, mais un Menhir, un des derniers grands hommes politiques français.
Jean-Marie Le Pen est le dernier représentant d’une génération qui a tout connu : la Seconde guerre mondiale, la IVe République, la guerre d’Algérie, la fondation de la Ve République, tous ses présidents… Il est heureux qu’il ait écrit ses Mémoires : leur perte eût été bien trop grande pour nous.
Pour nous, hommes et femmes de droite, « JMLP » était d’une façon ou d’une autre une part de nous-même. Oh, bien sûr, impossible de trop s’en revendiquer, de cautionner ses nombreux dérapages et excès. Voyez-vous, c’est que « Jean-Marie » était d’un autre monde, peut-être un peu meilleur ou un peu moins bon que le nôtre, où le mot de trop choquait sans être incriminé. Mais enfin, nous avons pour beaucoup dès notre enfance entendu parler du personnage : le « diable », un vrai provocateur. N’est-ce pas ?
Jean-Marie Le Pen : résistance, guerre d’Algérie et député poujadiste
Jean-Marie Le Pen aurait tenté d’intégrer la Résistance dans sa jeunesse. Il a « fait » la guerre d’Algérie où il fut reconnu pour son ouverture et le respect qu’il avait des autres cultures. Il fut, le savoir donne le vertige, opposant à Charles De Gaulle, dans le parti de Pierre Poujade – plus jeune député de la Ve République d’ailleurs. En 1965, il dirige la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour – pétainiste et avocat de Céline – dont il se sépare en 1972 pour fonder le Front National.
Ici commence son aventure, et sa notoriété croît. Il a alors encore un bandeau sur l’œil gauche et se lance dans des élections nationales. Très vite, il est pris pour cible par une extrême gauche ultraviolente : en 1976 survient l’attentat de la villa Poirier. Vingt kilos d’explosifs sont déclenchés par un comité antifasciste, projetant ainsi de tuer Jean-Marie Le Pen et sa famille. Marine Le Pen et ses sœurs, Yann et Marie-Caroline, sont présentes. Miracle, la tentative d’assassinat ne fait aucun mort : l’incident marquera toutefois Marine Le Pen qui n’a alors que huit ans.
Jean-Marie Le Pen, à ce moment, n’est pas encore diabolisé. En politique, l’heure est encore à l’élégance et, après que le fondateur du FN a envoyé une lettre au président de la République François Mitterrand en 1982 déplorant son invisibilisation dans les médias, ce dernier demande expressément au patron du service public de remédier à cela. En 1986, il fait élire la première musulmane au conseil régional d’Île-de-France : il s’agit de la fille d’Ahmed Djebbour, homme politique défenseur de l’Algérie française et ennemi juré des terroristes du FLN.
La diabolisation Le Pen
Elu député en 1986, Jean-Marie Le Pen se rêve en Reagan français. Figure connue au niveau national, il dérape complètement sur la question des chambre à gaz l’année suivante, déclarant qu’il s’agit d’un « point de détail de l’histoire de la Seconde guerre mondiale ». Il réalise un score national très important en 1988 : 14,4 % des voix au premier tour. A ce moment, il subit déjà le fameux cordon sanitaire, la droite étant tombée dans le fameux « piège mitterrandien ». La droite de Jean-Marie Le Pen devient « l’extrême droite », « extrême droite » à qui il ne convient pas de parler pour rester « respectable ».
C’est à cette terrible période, au moment même où il commence à se rapprocher du pouvoir, que s’enchaînent les propos douteux, voire carrément malvenus : « Durafour crématoire », journalistes juifs « menteurs », « zébu fou » et « sidaïques » ; le président du FN va de polémique en polémique. Il atteint néanmoins les 15 % aux élections de 1995, mais à nouveau, échoue.
C’est pourtant en 2002 que Jean-Marie Le Pen transforme véritablement l’essai durant la célèbre élection présidentielle qui le verra passer au second tour, défiant tous les sondages comme à chaque fois. Parvenant face à Jacques Chirac au second tour, il suscite alors une panique déraisonnée et des manifestations dans toute la France : ça y est, le Menhir est le « diable » de la République. Il est le visage de la haine, de l’intolérance et du racisme dans une France qui ignore encore la submersion démographique qu’il prédit déjà depuis trente ans. Avec à peine 17 % des voix au second tour, le « barrage au fascisme », marqué par une mobilisation record, fonctionne pour la première fois.
Le lent déclin politique
Devenu ennemi public numéro 1, Jean-Marie Le Pen doit désormais faire face à un système entier contre lui. Ayant déjà vaincu la scission réalisée par Bruno Mégret en pliant le match au premier tour, il ne parvient pas à transformer l’essai, battu par un jeune Nicolas Sarkozy qui réalise une forme « d’union des droites » avec un programme fort sur l’insécurité, programme qu’il ne mettre jamais en œuvre. La campagne de 2007 est sans doute la moins réussie : mal entouré, déjà assez âgé et concurrencé, le Menhir sent la fin de sa vie politique arriver.
En 2011, il fait le choix de laisser Marine Le Pen prendre sa place à la tête du parti. Leur relation sera conflictuelle des années durant, mais enfin, entre le père et la fille, tout finira, petit à petit, par s’arranger.
L’héritage de Jean-Marie Le Pen
Aujourd’hui dans les rues de France et sur ses boulevards virtuels, des dizaines, centaines de milliers de personnes se réjouissent de la mort d’un vieillard. Crachant sur sa tombe, ils iront crier leur haine des jours durant. Sauvages que ces gens, barbares que ceux qui ne savent respecter les morts, qui jouissent du triomphe du mal.
Jean-Marie Le Pen, malgré tous ses défauts, incarnait une forme de noblesse, une élégance d’antan aujourd’hui menacée d’extinction. Catholique en permanent conflit avec l’Eglise, provocateur au dernier degré, marin-pêcheur, militaire, député, menhir et diable, le fondateur du Front National aura été bien des choses dans sa vie. Pourtant, aucun de ces noms n’est aussi vrai pour le définir que celui de vigie, d’ouvreur de voie. Pour la France – car peu de choses comptèrent autant pour lui durant sa vie – Jean-Marie Le Pen aura été ostracisé, mis au ban, traité comme moins qu’un homme. Il avait pourtant vu un demi-siècle avant tout le monde la submersion migratoire qui nous frappe aujourd’hui. Ce fut lui qui monta au front alors que personne n’osait. Il fut celui qui disait avec simplicité, excessivement fort parfois, ce qu’il voyait.
Ces mots nous seront reprochés, nous n’en doutons pas, mais parce qu’il méritait ce courage et cette modeste démonstration d’honneur que nous pouvons faire aujourd’hui, nous écrivons : merci, Jean-Marie Le Pen. Que Dieu vous garde.
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3 commentaires
climax@netc.eu
Gloire au héros ! Peut importe l’extrême-gaucherie sans honneur, ni dignité, haineuse, il a déjà inspiré des milliers de vrais patriotes. Il va entrer au Paradis en grande pompe.
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Nous les juifs , nous ne le pleureront pas !!!!
Par contre , nous saluons Marine sa fille mais surtout Marion Maréchal pour le combat qu’elles mènent contre l’islamo- gauchisme !!!!
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